Pourquoi devenir végétarien ? Raison 7 : l’empathie envers les humains ?

27 Juin

Tout d’abord, j’adresse un immense merci à Pralines et Canelés ainsi qu’à Jojo pour avoir permis la relecture de ce billet de blog.

Les plus anciens groupes de végétariens connus l’étaient pour des raisons de non-violence. Le lien entre végétarisme et respect d’autrui a été promu par des religions et de nombreux philosophes. Deux citations illustrent cette logique :

  • « Quelqu’un qui s’est habitué à considérer la vie de n’importe qu’elle créature vivante comme sans valeur, finit par penser qu’une vie humaine ne vaut rien. » (Albert Schweitzer)

Voilà pour l’aspect philosophique. Et que dit la science sur cette question ? Je n’ai trouvé aucune étude qui considère cette logique. Alors voici le peu qu’on peut en dire : ces citations philosophiques affirmant que que si on est empathique, on l’est pour tout le monde, humains comme animaux. Or je pense qu’on ne peut pas être empathique pour les animaux tant qu’on est dépendant d’eux pour notre survie. Pour moi, il est donc nécessaire de devenir indépendant des animaux (pour n’importe quelle raison) pour avoir la possibilité psychologique d’être empathique avec eux. Et ensuite, il est beaucoup plus facile d’assumer une empathie pour tout le monde, humains y compris.

Après recherche dans la bibliographie scientifique, la seule étude disponible actuellement étudie seulement le dernier maillon de mon raisonnement (qui, je le répète, est juste mon propre avis sur la question). Ce maillon est : un végétarien a plus de chances qu’un omnivore d’être empathique envers les humains (ce qui n’empêche pas plein d’omnivores d’êtres très empathiques !).

L’étude en question est de la science chaude ! C’est-à-dire des recherches qui sont actuellement en cours, à l’opposé de la science froide, qui concerne les recherches faites et validées il y a longtemps – la science qu’on fait au collège et au lycée est généralement de la science froide. Alors, prêts à plonger ? Ne vous inquiétez pas, je vais être avec vous pour tout expliquer ^^.

L’article scientifique du jour étudie l’empathie vis à vis des humains et des animaux, chez 3 groupes de personnes : des omnivores, des végétariens par éthique et des végans. Ici on se limitera à analyser l’empathie vis-à-vis des humains. Les chercheurs utilisent 2 techniques : un questionnaire et une mesure d’activité cérébrale.

Le quotient empathique (QE)

L’empathie est la capacité de comprendre et partager les états émotionnels d’autrui. L’empathie comporte 3 composantes :
sensorimotrice : quand on voit une personne blessée à la main, on contracte le muscle concerné, exactement comme si on était soi-même blessé à cet endroit.
cognitive : quand on comprend comment une personne réfléchit. On est alors capable de prédire son comportement.
affective : quand on voit une personne triste, on ressent de la tristesse.

Les composantes cognitive et affective de l’empathie sont classiquement évaluées grâce à un questionnaire qui permet de calculer le quotient empathique (QE) d’une personne. Une personne très empathique a un QE élevé. Voici les résultats de QE pour les 3 groupes : 20 omnivores, 19 végétariens par éthique, 21 végans.

Pour être précis, les chercheurs ont comparé ces 3 groupes avec des tests statistiques :

  • Le 1er résultat de cette étude est que on ne peut rien dire sur la ressemblance entre l’empathie des végans et celle des végétariens par éthique : ni que leur empathie est la même, ni qu’elle est différente. Vous le voyez parce que les fourchettes se chevauchent suffisamment pour qu’on ne soit pas sûr que les empathies sont différentes, mais ne chevauchent pas assez pour qu’on soit sûr que les empathies sont les mêmes.
  • Le 2ème résultat est que les omnivores ont moins d’empathie que les végans ou que les végétariens par éthique. Le test statistique donne p ≤ 0,04, ce qui signifie qu’on a au moins 96 % de chances d’avoir raison quand on dit cela. Rappelez-vous, on a vu ici que si p est proche de 0 alors on peut dire avec une certitude proche de 100 % que les deux groupes sont différents.

Les circuits neurologiques de l’empathie

L’IRMf est une technique d’imagerie qui montre quelles zones cérébrales sont particulièrement actives à un moment donné. Ici, les chercheurs ont enregistré une IRMf pour chacune des 60 personnes, pendant qu’on leur montrait des images de souffrance humaine.

Voici une image illustrant le résultat : en gris, on voit le cerveau vu de dessus (pour être plus claire, j’ai dessiné la tête d’un bonhomme sur la gauche) et en couleurs blanc/jaune/orange/rouge, on voit les zones cérébrales particulièrement actives.

Qu’en concluez-vous ? Que les végans et les végétariens par éthique ont une activation des même zones cérébrales, avec la même intensité, quand ils voient des humains en train de souffrir. Les omnivores ont une activation différente devant les mêmes images. On en conclut que les circuits neuronaux de l’empathie sont différents chez les omnivores de chez ceux qui font des choix alimentaires par éthique.

Remarque : Les végans font des choix alimentaires par éthique, mais leur éthique s’étend bien au-delà de l’alimentation. Ils refusent de participer à toute utilisation des animaux. Ainsi, ils ne portent pas de cuir, ne vont pas au zoo et n’utilisent pas de cosmétiques testés sur les animaux.

Au début de l’article, je vous ai parlé de science chaude. En effet, cet article a été publié il y a à peine un mois, et ils reste bien des choses à découvrir pour le compléter. Par exemple :

    • Faire les mesures de quotient empathique sur un plus grand nombre de personnes, afin de savoir si les végans et les végétariens par éthique ont un QE semblable ou différent.
  • Découvrir quelle est la fonction des zones cérébrales mises en évidence lors de cette étude. A l’heure actuelle il n’y a pas de consensus sur le rôle de chacune pour le fonctionnement de l’empathie.

Conclusion

Le végétarisme pour des raisons éthiques (éviter la souffrance des animaux) est associée à un fonctionnement neurologique différent et à une plus grande empathie envers les humains. Cette association ne dit pas que l’un (le végétarisme) est la cause de l’autre (l’empathie), elle dit simplement que ces deux paramètres vont ensemble. Les résultats scientifiques actuels sont donc compatibles avec  les citations vues plus haut… mais ils sont encore très loin de les démontrer ! Il faudra encore de nombreuses études pour cela. Ce qui est encourageant est que les scientifiques commencent à s’intéresser à ce sujet, donc on peut s’attendre à la parution de nouvelles études. Je vous tiendrai au courant. 🙂

Les circuits neurologiques de l’empathie peuvent évoluer au cours de la vie. Car les végétariens et végans de l’étude ne l’étaient pas depuis leur naissance. On peut donc espérer que, comme pour l’esclavagisme, l’humanité refusera progressivement d’utiliser et de tuer des animaux pour son seul confort (et non pour sa survie). Peut-être que nos petits-enfants trouveront aussi barbare le fait de tuer des cochons que de réduire un homme en esclavage.

Je termine sur une dernière citation : « Chaque fois que les gens disent : « Nous ne devons pas être sentimentaux, » cela signifie qu’ils sont sur le point de faire quelque chose de cruel. Et s’ils ajoutent : « Nous devons être réalistes, » ils veulent dire qu’ils vont en faire de l’argent. Ces slogans ont une longue histoire. Ils furent utilisés pour justifier les commerçants d’esclaves, les industriels impitoyables (…). On les a maintenant passés (…) aux fermiers d’usine. » (Brigid Brophy, Unlived Life). Rappel : 80% des oeufs produits en France proviennent de poules élevées en cage.

Recette de maki sushi de riz complet

Comme vous le savez, je refuse d’encombrer ma cuisine avec des produits qui servent une fois tous les 36 du mois. Alors acheter du riz « spécial sushi » qui ne sert qu’à cet usage, qui est nutritionnellement appauvri (raffiné) et qui est cher (il ne se vend pas en vrac), c’est non ! D’autant qu’il est parfaitement possible de faire des sushis avec du riz rond complet et des ingrédients au coût économique et écologique très correct. La recette qui m’a convaincue vient du blog de Cléa, une blogueuse qui invente des recettes très jolies, parfois japonisantes, parfois non végétariennes, et qui a écrit des livres de cuisine très chouettes.

Sushi maki de riz complet à l'avocat et au fromage végétalien

Si vous voulez des idées de nombreux sushi, maki et dérivés, je vous conseille également le blog Sav’Hourra : il contient de nombreuses recettes originales, avec des photos et toutes les astuces pour avoir un rsultat de pro. Par exemple cette recette de futomaki.

Et pour accompagner ces sushi, voici une recette de saison délicieuse et hyper rapide :  la salade de courgettes du  blog A boire et à manger, un blog de recettes dessinées où on rigole, on apprend des astuces de cuisine et on découvre plein de recettes très sympa, parfois végétariennes.

Pain sans pétrissage (décongelé), courgettes crues et leur vinaigrette au citron, falafels (décongelés), aubergines poêlées à l'huile d'olive, quinoa et reste de riz assaisonnés de paprika muscade et piment, tranches de nectarine

Ingrédients pour 2 rouleaux de maki sushi de riz complet
100g de riz rond complet (à la place du riz « spécial sushi »)
– 1 cuillère à soupe de vinaigre de cidre (à la place du vinaigre de riz)
– 1,5 cuillère à café de sucre complet (à la place du sucre raffiné)
– un peu de moutarde forte (à la place du wasabi)
– un peu de gingembre séché en poudre (à la place du gingembre frais râpé)
– garniture au choix : des oignons verts et de la roquette, avocat (morceaux décongelés), fromage végan, concombre, carotte, etc

– sauce soja

Préparation
– Rincer le riz.
– Dans une casserole avec couvercle, mélanger le riz égoutté avec 2 fois son volume d’eau et faire cuire 20 minutes à couvert. Le riz doit être presque trop cuit.
– Éteindre le feu, laisser reposer 5 minutes à couvert.
– Ajouter le vinaigre et le riz, mélanger. Éventuellement, transférer le riz dans une assiette plate, pour qu’il refroidisse plus vite.
– Former les rouleaux comme indiqué ici, en superposant une feuille de nori, le riz assaisoné, un peu de moutarde et de gingembre puis la garniture choisie.
– Déposer 20 minutes au réfrigérateur, pour que le rouleau devienne ferme.
– Découper en tranches à l’aide d’un couteau sans dents mouillé et rincé entre chaque tranche.
– Déguster avec de la sauce soja. Les maki sushi sont aussi bon le lendemain, voire le surlendemain. Et comme ils sont sans poisson cru, pas de problème pour les conserver quelques heures hors du frigo, dans un bento par exemple.

Maki sushi de riz complet et fromage végétalien, dés de melon, salade de courgettes

Bonne semaine !

Dites… ça vous ennuie ou ça vous intéresse, quand je vous explique des articles scientifiques ?

Recette de cuisine durable

32 Réponses to “Pourquoi devenir végétarien ? Raison 7 : l’empathie envers les humains ?”

  1. mamapasta 28 juin 2010 à 10:11 #

    En conclusion….Faites vous soigner par des professionnels de santé végé, vous aurez l’empathie en plus……. 😉

    • vegebon 28 juin 2010 à 10:45 #

      Hihi c’est vrai, mais demandez-leur bien s’ils sont végé pour les animaux… parce que ça ne marche probablement pas s’ils le sont pour leur santé ou pour faire des économies ;-).

    • Kusuo 7 juillet 2021 à 18:10 #

      Super article, j’ai appris plein de choses,merci!!!!

  2. Mlle Pigut 28 juin 2010 à 10:36 #

    J’avais vu passé des comptes-rendus de cette étude sur le net, les résultats sont assez édifiants comme tu nous l’explique (super bien d’ailleurs).
    Il est vrai que les végétariens et vegan se font souvent traiter d’anti-humanistes… pour ma part, je n’envisage pas l’humain comme le centre du monde animal, comme je ne considère pas la Terre comme le centre de l’univers. Cela ne signifie pas que je dédaigne les humains, car je crois que si l’on est végéta*ien pour des raisons éthiques, on veut généralement du bien aux animaux, à TOUS les animaux, l’homme y compris.
    Pour moi traiter l’humain comme l’être ultime autour duquel tous les autres êtres ne vivent que pour son bon plaisir est une grâve erreur. Plus vite nous changerons cette idéologie, plus vite nous pourrons trouver un équilibre plus sain dans nos relations entre animaux de toute espèce.
    Pour conclure, cette étude le démontre bien, aimer les animaux en général, c’est aimer son prochain.

    • vegebon 28 juin 2010 à 10:48 #

      Je n’ai pas vu passer de commentaire sur cet article, est-ce que tu te souviens des sites où tu en as lu ? Comme j’ai analysé l’article toute seule j’aimerais bien vérifier que les autres sont d’accord ^^.

      Et je suis complètement d’accord avec toi pour la critique des végétariens, qui soit-disant préfèrent les animaux à l’homme. C’est un argument désespéré pour tenter de discréditer le végétarisme. On en a maintenant la preuve scientifique !

      • Mlle Pigut 28 juin 2010 à 16:14 #

        Ahhh je viens de passer 1/2h à rechercher le lien… je pensais avoir fait passer ça sur Twitter, mais je ne l’ai pas retrouvé… désolée…

      • vegebon 28 juin 2010 à 16:36 #

        Je n’ai rien trouvé non plus, tant pis ! Merci beaucoup d’avoir passé du temps à chercher !!

  3. Mlle Pigut 28 juin 2010 à 10:38 #

    Niveau cuisine, j’ai très envie de tester tes petits maki! Comme toi, je ne m’encombre pas d’ingrédients dont je n’ai qu’un besoin limité, et je préfère les céréales complète, donc ta recette m’attire beaucoup! Avec une bonne salade crue, ce doit être le régal absolu!
    Pour finir, merci pour les découvertes bloggesques!

    • vegebon 28 juin 2010 à 10:51 #

      J’aime faire partager les blogs que j’apprécie, alors je suis d’autant plus contente si ça intéresse d’autres personnes :).

      Pour la salade de courgettes, c’est super bon, j’en mange tous les jours en ce moment ! Pour tailler les courgettes, je les coupe en tranches assez fines puis je fais une pile de tranches, dans lesquelles je coupe les bâtonnets. Résultat : c’est prêt en 5 minutes et ça se mange très bien avec des baguettes.

  4. Lafabriqueatout 29 juin 2010 à 11:35 #

    Je suis ravie de découvrir qu’il y a des chercheurs qui se posent ce genre de questions! L’empathie me semble quelque chose d’indispensable pour qu’une société fonctionne,c’est certainement l’une des bases du respect de l’autre que de le comprendre ou tout du moins d’essayer de le comprendre!
    Merci pour toutes ces informations si intéressantes! et Bravo aussi pour les recettes qui semblent délicieuses!

    • vegebon 29 juin 2010 à 13:42 #

      Merci ! Je suis complètement d’accord pour l’importance de l’empathie : il est difficile (impossible ?) de respecter ce qu’on ne comprend pas.

  5. Pralines et Canelés 29 juin 2010 à 13:54 #

    Si on applique ce que tu as écrit, la fourchette des végans et celles des omnivores se recouvrent donc leur empathie est la même… donc si celle des végans et celle des végétariens est la même, tous ont la même empathie ! Ce que tu écris n’est donc pas cohérent.

    Les statistiques ne sont pas forcément faciles à interpréter sans formation sérieuse et ce raisonnement n’est pas correct. Si les échantillons ont été bien choisis (et si les mesures d’empathie sont pertinentes), voici ce qu’on peut en dire un peu plus sérieusement. L’empathie moyenne des végans est très probablement entre … et …, celle des omnivores entre … et …, celle des végétariens entre … et … . Compte tenu de cela, il est possible que l’empathie moyenne des végans et celle des omnivores soit la même, de même qu’il est possible que celle des végans et celle des végétariens soit la même mais il est exclu (ou du moins très peu probable) que celle des omnivores et celle des végétariens soit la même.

    Pour le moment, je n’ai lu que le résumé de l’article qui dit quand même qu’il y a des différences significatives sur les zones activées entre végans et végétariens. Si j’en crois le résumé, les végans de l’échantillon le sont aussi par éthique contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant ton billet. J’essaierai d jeter un oeil à l’article complet si j’ai un moment.

    Bref je ne suis pas très convaincue par ce billet… je crois qu’à trop chercher de raisons plus ou moins rationnelles au végéta*isme, on finit par dire des bêtises, ce qui discrédite un choix tout à fait respectable par ailleurs.

    • vegebon 29 juin 2010 à 15:31 #

      Bonjour,

      Les empathies sont les mêmes si les fourchettes se recouvrent suffisamment. Je l’ai indiqué dans le texte mais pas dans la figure (par souci de concision). Je vais modifier la figure dès ce soir pour éviter cette ambiguïté. J’ai soigneusement évité dans cet article le vocabulaire statistique habituel (échantillon, statistiquement significatif, barre d’erreur, etc) afin de ne pas désorienter les lecteurs. Cependant il ne faut pas que cela nuise à la clarté scientifique de l’article. N’hésite pas à me dire si tu vois d’autres zones de flou.

      Si tu veux connaître les tests statistiques précis, n’hésite pas à lire l’article en entier. Il est en téléchargement libre. Voici le résumé de ces tests :
      – La différence d’empathie entre végétariens par éthique et végans donne un p non significatif (non précisé dans l’article), donc il est très probable que leur empathie soit la même. En général les tests statistiques considèrent que « très probable »correspond à une probabilité d’au moins 95 %.
      – La différence d’empathie entre omnivores et végétariens par éthique donne un p = 0,001, c'est à dire une probabilité de 99,9 % que leur empathie soit différente.
      – La différence d'empathie entre omnivores et végans par éthique donne un p = 0,04, c'est à dire une probabilité de 96 % que leur empathie soit différente.

      Les végans le sont tous par éthique, c'est pourquoi je n'ai pas jugé bon d'alourdir le texte en écrivant "végans par éthique", qui est une lapalissade. Cependant, si tu ne l’as pas compris en lisant mon article, c’est que je n’ai pas été assez claire. Je vais corriger l’article en ce sens.

      Enfin, si tu fais autorité en matière de statistiques, il serait très gentil de ta part de lire la fin de cet article, où j’explique ce que sont les études de cohorte. Si j’y dis des bêtises, il serait utile pour tout le monde que tu les signales et que je modifie l’article.

      Merci pour ton aide, j’apprécie beaucoup que tu aies pris le temps d’écrire ce commentaire.

  6. Pralines et Canelés 29 juin 2010 à 22:18 #

    Je ne suis pas statisticienne mais j’ai une solide formation de maths avec un certain intérêt pour les questions de probabilités et statistiques qui m’a conduit à les enseigner à bac + 3 en école d’ingénieurs il y a quelques années : cela me permet de repérer certaines erreurs courantes, je peux donc essayer de relire ce que tu as écrit sur les cohortes mais je ne promets pas de détecter tous les problèmes.
    En revanche, je me permets donc d’insister : l’affirmation « Les empathies sont les mêmes si les fourchettes se recouvrent suffisamment. » est fausse.
    L’affirmation correcte est que si les fourchettes sont disjointes, les valeurs moyennes considérées sont très probablement différentes mais dans le cas où il y a recouvrement, on ne peut pas conclure que ce sont les mêmes.

    Dans l’article d’ailleurs, il est seulement écrit :
    « The difference between vegans and vegetarians was not statistically significant. »
    Ce qui signifie que les données ne permettent pas de conclure qu’il y a une différence mais en aucun cas d’affirmer que ce sont les mêmes, ni même qu’il y a une forte probabilité que ce soit les mêmes.

    J’espère que ce que j’écris est compréhensible, j’ai trouvé ta démarche très intéressante … même si ton point de vue apparaît assez clairement dans ta façon de présenter les choses.

    Pour l’aspect végans, il me semblait que certains l’étaient pour des raisons de santé, écologiques ou économiques mais je veux bien croire que l’argument éthique soit l’argument majeur et tu est probablement mieux renseignée que moi.

    Plus généralement, comme tu le dis je crois dans d’autres billets, ce type d’études me semble assez discutable pour différentes raisons : je ne suis pas certaine de la fiabilité d’une « mesure » de l’empathie, le végéta*isme est corrélé avec d’autres critères et arriver à identifier les liens me semble bien délicat. Par ailleurs, le titre de ton billet peut laisser supposer qu’en devenant végéta*ien, on gagnerait en empathie puisque tu parles de « raison pour devenir végétarien » alors que s’il y a un lien de cause à effet, il me semble qu’il serait plutôt dans l’autre sens.

    • vegebon 30 juin 2010 à 06:16 #

      Quel bonheur d’avoir une relecture aussi détaillée, merci !! 🙂
      Effectivement j’avais mal compris le résultat du test végans/végétariens éthiques. Comment traduire « la différence n’est pas statistiquement significative » en langage courant ?

      Pour l’aspect discutable de cette étude, j’ai essayé de le dire en indiquant que c’était de la science chaude, non validée. Je vais ajouter une note pour dire que c’est vraiment un résultat préliminaire, qui demande a être refait sur des groupes de personnes plus nombreux. Pour la fiabilité de la mesure de l’empathie, c’est un questionnaire utilisé en clinique, donc je pense que c’est une technique fiable. De toute manière, la différence fonctionnelle d’empathie est confirmée immédiatement par les analyses d’IRMf.

      Pour le titre de l’article, je m’aperçois qu’il peut induire en erreur. Je voulais donner cette raison suite à des citations philosophiques affirmant que que si on est empathique, on l’est pour tout le monde, humains comme animaux. Or je pense qu’on ne peut pas être empathique pour les animaux tant qu’on est dépendant d’eux pour notre survie. Pour moi, il est donc nécessaire de devenir indépendant des animaux (pour n’importe quelle raison) pour avoir la possibilité psychologique d’être empathique avec eux. Et ensuite, il est beaucoup plus facile d’assumer une empathie pour tout le monde, humains y compris. L’article du jour intervient seulement à ce dernier point du raisonnement… et j’ai fait un raccourci énorme depuis mon idée de départ ! Merci beaucoup de l’avoir soulevé. Je vais réfléchir à la manière de remanier l’article. Si tu as une proposition, elle est bienvenue.

      Pour mon point de vue, je ne souhaite pas le cacher, cependant je ne veux pas qu’il déforme l’argumentation. Le but de ce blog est de montrer les arguments « pour » et « contre », avec une emphase sur les arguments « pour » car ils bénéficient d’une couverture médiatique beaucoup plus faible. Je veux à tout prix éviter de donner des argumentations biaisées, comme c’est le cas dans de nombreux sites pro-végétarisme. C’est pourquoi j’ai prévu dès le départ de faire suivre cette séquence d’article « pourquoi devenir végé » par une séquence « pourquoi rester omnivore ». Si tu trouves quelque part une phrase où mon point de vue déforme les arguments exposés, je te serais infiniment reconnaissante de me le signaler, et je corrigerais immédiatement cette ambiguïté.

      • Pralines et Canelés 30 juin 2010 à 10:31 #

        Je n’ai pas le temps de répondre à tout mais pour ce qui est de traduire, « la différence n’est pas statistiquement significative » en langage courant, je peux proposer « cette étude statistique ne permet pas de conclure que l’empathie des végétariens est différente de l’empathie des végans ». Est-ce suffisamment du langage courant et compréhensible ?

        Penses-tu que l’empathie soit vraiment quelque chose qu’on puisse mesurer ? Qu’on puisse dire « j’ai une empathie de 40, Machin a une empathie de 51 et Bidule de 37 »

      • vegebon 30 juin 2010 à 10:55 #

        C’est modifié, merci beaucoup !!

        La mesure de QE de l’article me semble pertinente car c’est un test utilisé en recherche clinique, par exemple dans le domaine de l’autisme. Les caractéristiques de ce questionnaire sont expliquées dans la section Matériels & Méthodes de l’article. Je pense qu’on peut mesurer le QE d’une personne, de même qu’on peut mesurer son QI, et je pense que ce nombre apporte des informations. Cependant la mesure de QE pour résumer toute l’empathie d’une personne présente les mêmes limitations que le QE pour mesurer toute son intelligence… Il est donc nécessaire de la compléter par d’autres mesures, comme l’IRMf.

  7. Pralines et Canelés 29 juin 2010 à 22:24 #

    Petite précision : j’ai tendance à traduire végan par végétalien à cause d’un resto proche de chez moi qui indique « végan » pour végétalien et donc à oublier que « végan » englobe autre chose que la nourriture. Ma remarque venait aussi du fait que l’article d’origine précisait qu’il s’agissait de motivations éthiques dans les deux cas au lieu de ne le dire que pour les végétariens.

    • vegebon 30 juin 2010 à 05:49 #

      L’Académie française n’a pas encore donné de traduction pour le mot anglais vegan. J’utilise donc végan car je pense qu’il est capable d’entrer dans les dictionnaires français . En effet, ce concept est différent de végétalien :
      – Un végétalien exclut tous les produits d’origines animales de son alimentation. Ce peut être pour différentes raisons : le bien-être animal, mais aussi l’impact écologique de ces produits (c’est mon cas).
      – Un végan refuse de participer à toute utilisation des animaux car il ne veut pas considérer un animal comme une ressource matérielle pour l’Homme. C’est donc une raison éthique.

  8. vegadryade 10 juillet 2010 à 10:17 #

    Je découvre ton blog et je me régale de ton article, merci.
    Justement, je participe à un débat sur l’empathie des animaux en ce moment et du coup ça fait un lien des plus intéressants 🙂
    Concernant la relation causale ou non entre végéta*isme et empathie, pour moi elle est indéniable.

    Quiconque s’informe sur la condition animale finit par faire la connexion entre l’être vivant et la viande, entre la barquette bien jolie bien propre et l’abattage.
    Cette distance prise par rapport aux publicités et à l’aveuglement dans lequel la société nous empêtre permet de faire également la connexion entre les horreurs envers les humains et la souffrance réelle qu’elle engendre.

    Pour moi il s’agit simplement de regarder les choses telles qu’elles sont, plutôt que de taire une part de notre perception par abrutissement et manque d’information.

    Ca explique que sur l’IRM, au lieu que le cerveau « omnivore » ait non pas une alternative au traitement des images qu’il reçoit, mais une incapacité à utiliser la partie en zone occipitale.

    • vegebon 10 juillet 2010 à 10:32 #

      Merci pour ton commentaire ! N’hésite pas à lire l’article de recherche en entier : dans mon billet je n’ai pris que la partie « empathie des humains envers les humains », mais les auteurs ont écrit une partie plus grande sur l’empathie des humains envers les animaux. Les différences entre les 3 groupes sont encore plus flagrantes.

      Si tu veux des articles sur l’empathie des animaux, je peux t’en envoyer. Il est notamment clair que les canidés, les corvidés et les grands singes éprouvent spontanément de l’empathie.

      Et je suis bien d’accord qu’il est difficile de ne pas se faire engluer par la publicité environnante. Sortir du moule, en devenant végétarien, permet de prendre du recul et de se rendre compte de toutes les choses qu’avant on acceptait sans réfléchir.

  9. Plaisir vegan 29 juillet 2010 à 11:58 #

    Article EXCELLENT !!!
    Tu m’apprends quelque chose, avec ton histoire de QE, c’est incroyable !!!
    Merci pour le partage, c’est une info qui franchement me bluffe totalement.

    • vegebon 29 juillet 2010 à 12:41 #

      On a de la chance que certains chercheurs se penchent sur la question :). J’espère qu’ils continuent cette étude, en recrutant plus de personnes (20 par groupe, c’est peu).
      Et bien sûr, la différence de QE porte sur la moyenne des résultats. Il ne faut pas oublier que certains omnivores ont un QE plus élevé que certains végétariens :-).

  10. A Fleur de Plume 1 août 2010 à 18:42 #

    J’ai pris un énorme plaisir à lire ton article sur la B12, cet article et les commentaires !!! Merci beaucoup à toutes pour ces échanges passionnants. Ambiance intelligente, ouverte, scientifique et philosophique… j’adore.
    Je vais suivre ce blog, en parler dans mon bouquin, et insérer d’ici demain un lien vers lui, dans mon site ! Rien que ça ! ;o))
    A bientôt
    Sandrine (ravie de t’avoir rencontrée ce jour et que tu m’aies permis de découvrir tout ça)

    • vegebon 1 août 2010 à 22:05 #

      Waouh, merci !!! Et surtout n’hésite pas à commenter si tu n’es pas d’accord avec certaines choses que j’écris, le blog évolue grâce ces discussions.

  11. Drik 17 novembre 2010 à 02:34 #

    L’article très intéressant. Mais au demeurant, de nombreuses espèces animales sont elles aussi omnivores. Porcs, singes (dont l’homme), ours, corbeaux… et la liste est longue. Ces animaux sont-ils des monstres pour autant ? Si l’homme est omnivore par nature, n’est-ce pas un peu bizarre de vouloir aller contre ?
    Beaucoup de végétariens critiquent une société sans valeurs, déshumanisée, où les individus ne voient leur viande que comme un produit fini parfait et bien emballé. Ils ont certainement raison.

    Mais devenir végétarien n’est-il pas une dérive de cette même société, peut-être par opposition ? Être végétarien pour la cause animale n’est-il pas une sorte d’empathie maladive systématique et exacerbée?
    En effet, je suis un mangeur de viande, et j’aime pourtant les animaux. Je suis quelqu’un de sensible, aussi bien en ce qui concerne les animaux que les humains. Mais je suis persuadé que le fait d’être végétarien n’est pas forcément la façon la plus « normale » d’éprouver de l’empathie. En effet, quelqu’un qui n’a aucune empathie n’aura aucune raison de penser aux animaux, et ne deviendra pas végétarien.
    Et celui qui devient végétarien pour cette raison est, quelquepart, déjà empathique.
    En revanche, quelqu’un d’empathique ne deviendra pas obligatoirement végétarien. De tout façon, l’article lui-même dit bien que l’un n’est pas la cause de l’autre.

    On peut donc, je pense, manger de la viande et respecter les animaux.

    La société dans laquelle on vit tend à être aseptisée, et l’humain voudrait que tout et tout le monde soit beau et gentil. D’où le fait, je pense, que certains oublient qu’ils mangent des êtres vivants, et que d’autres se refusent à en manger. Mais je pense qu’on peut être empathique en restant dans la réalité. Savoir qu’on mange par nécessité et par nature, au même titre que les autres animaux, et les respecter.
    Lorsqu’on est triste, certains médecins ont recours immédiatement aux antidépresseurs. Pourtant, la tristesse fait partie du panel de sentiments humains au même titre que la joie.
    Et bien je pense que pour certains végétariens, c’est identique. Ils refusent de manger des animaux car c’est triste et ça fait du mal. C’est une façon de se détourner de la réalité de la nature, et aussi de la mort. Pourtant, tout ceci existe. Et même si l’homme ne mangeait plus de viande, les lions continueraient à chasser les gazelles. Spectacle qui me tirerait presque une larme à chaque fois, mais qui fait partie du cycle de la vie.

    En revanche, ce qui est inadmissible, ce sont les mauvais traitements, la chasse gratuite, ou encore les animaux élevés pour leur fourrure. Dans ces cas précis, ils sont traités comme de la marchandise, et c’est inhumain.

    En résumé, je pense que le respect des animaux passe très certainement par l’éducation et la sensibilisation, mais n’est pas lié au fait de les manger ou non. J’aime les animaux et je continuerai malgré tout certainement à en manger… Voilà l’avis d’un non végétarien, qui lui aussi n’engage que moi. 😉

    • vegebon 18 novembre 2010 à 14:36 #

      Merci pour ce commentaire construit et réfléchi !
      Je suis tout à fait d’accord qu’on peut être empathique et omnivore, végétarien et misanthrope, etc.
      Mon impression est que la nécessité fait loi : tant qu’on dépend de quelque chose pour notre survie, il ne faut pas avoir d’état d’âme. C’est le cas du lion. C’est le cas de nombreuses tribus humaines. C’est le cas des polyallergiques (aux produits laitiers, aux oeufs, au riz, au maïs, au soja… il y a en parmi mes lecteurs).
      Mais si on est dans un pays développé et dans une situation sociale normale (c’est à dire pas en situation de grande pauvreté), il n’est pas nécessaire de consommer de la viande ou du poisson. C’est démontré scientifiquement et empiriquement, et j’en ai déjà parlé longuement sur ce blog. Si on fait alors le choix de consommer de la viande, c’est alors uniquement par plaisir. Et là il y a un problème éthique.

      Le monde est tel qu’il est, la violence et la souffrance existeront toujours, je ne fais pas partie des gens qui refusent cette réalité.
      Mon message est qu’on peut choisir d’encourager cette violence inutile et destructrice (sur le plan environnemental), ou qu’on peut choisir de mettre son grain de sel pour diminuer cette violence.
      Mon motto est : un plaisir maximal pour moi, avec un impact minimal pour mon environnement (ma santé, mes proches, la planète, la faune, etc). Mais il est évident que « nécessité fait loi ». Donc je remplace les plaisirs à fort impact par un plaisir à faible impact (pour moi, la viande par des lasagnes végétariennes). Et pour les plaisirs/besoins non remplaçables, je les conserve en attendant de trouver leur substitut.

      J’espère avoir répondu à tes remarques. J’ai essayé de t’envoyer un courriel pour le cas où tu préfères continuer la discussion en privé, mais le message m’est revenu.

  12. AF Vg 6 décembre 2012 à 17:55 #

    Coucou !! J’aimerais savoir quelle est la source de l’article sur l’empathie. Est-ce que tu peux me la donner…j’aimerais utiliser ces résultats pour un travail mais il me faudrait la source…. MERCI 🙂

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