Voilà enfin l’article qui parle du sujet tabou : l’éthique animale. C’est la troisième grande raison pour laquelle des gens deviennent végétariens : 45 % des végétariens le sont devenus par respect pour les animaux. Et pourtant, alors que les raisons écologiques et sanitaires du végétarisme sont plutôt bien acceptées par les non végétariens (même s’ils répondent invariablement « c’est bien que tu fasses ça, mais moi je n’ai pas le temps/courage/argent »), la raison éthique déclenche inévitablement des moqueries : « c’est de la sensiblerie », « c’est nier nos traditions, on a toujours exploité les animaux », etc. Souvent ça tourne carrément à la haine et on peut parler de végéphobie. C’est d’ailleurs la raison d’être de la Veggie Pride, dont la prochaine édition est le 15 mai 2010 à Lyon. De la même manière que la Gay Pride, la Veggie Pride permet à ceux qui sont végétariens par respect pour les animaux de se rassembler pour être plus forts face à la végéphobie et faire petit à petit changer les mentalités. A ce sujet, une blague que j’aime beaucoup.
L’éthique animale, qu’est-ce que ça signifie ? Au-delà de l’aspect « ze veux pas faire de maaal aux animauuux », ceux qui sont végétariens par respect pour les animaux considèrent que respecter l’Animal c’est lui accorder 2 droits :
– son droit à la vie (ne pas être tué de manière prématurée) : ce droit est défendu par tous ceux qui deviennent végétariens par respect pour l’Animal.
– son droit à ne pas souffrir (vivre décemment) : ce droit est également défendu par les partisans d’un élevage respectueux de l’animal. Rappelons que 80% de la production animale mondiale est une production de type industriel. Attention, ce qui suit est une petite blague : allez les cocottes, ne vous faites pas avoir par ces machos d’éleveurs ! (bien sûr, tous les hommes ne sont pas des machos, et il existe clairement une minorité d’éleveurs qui se soucient réellement du bien-être de leurs poules, indépendamment de leur capacité à produire plus de viande ou d’oeufs !)
Pourquoi les animaux devraient-il se voir accorder ces droits, habituellement réservés aux humains ? (et encore, pas à tous les humains). Et si on accorde ces droits aux animaux, pourquoi ne pas les étendre à tout ce qui vit : humains, animaux, végétaux, microbes ? Attention, je ne vais pas donner de réponse définitive à ces questions, car c’est à chacun de décider en son for intérieur. Par contre j’ai rassemblé un maximum d’arguments pour que vous fassiez votre propre choix : des arguments physiologiques, des arguments philosophiques, et des chiffres précis sur la situation des animaux d’élevage en France.
Arguments physiologiques
1 – La douleur
La Science, en particulier la biologie, est capable de mesurer la nociception, c’est à dire la perception nerveuse d’un stimulus négatif, qui signale un danger pour l’organisme. Par exemple, si on entre dans une pièce qui sent très mauvais, on ressent de la nociception, donc on cherche à supprimer le stimulus, par exemple en sortant de la pièce. On n’a pas pour autant ressenti de la douleur.
La douleur correspond plutôt à une souffrance de l’organisme, c’est à dire à des sensations et des émotions désagréables, et pas seulement à une sensation désagréable qui donne envie de supprimer le stimulus. Pour savoir si l’organisme ressent de la douleur, il faut donc savoir s’il ressent des émotions. Pour savoir cela, la Science n’a actuellement pas d’autre moyen que le langage articulé… qui est inutilisable si l’organisme n’est pas capable de parler, ce qui est le cas des bébés humains et de tous les animaux non humains. Donc il n’est pas possible de démontrer si les bébés humains ou les animaux non humains ressentent de la douleur ou si c’est “seulement” une sensation désagréable.
Rassurez-vous, les arguments biologiques ne s’arrêtent pas ici. Dans les domaines où il n’y a pas de preuve à 100%, la méthode scientifique est de trouver collectivement un accord. Ceci signifie débattre à coups d’expériences et de raisonnements pour arriver à un avis sur lequel la communauté scientifique s’accorde, avis qui peut bien sûr changer si un nouvel argument est découvert. Donc on va quand même pouvoir parler des émotions.
2 – Les émotions
Pour les émotions, j’ai utilisé un livre qui fait référence dans le domaine des neurosciences et qui est régulièrement actualisé, le Purves. Dans le chapitre sur les émotions, on apprend que les structures nerveuses des émotions sont en partie connues grâce aux expériences faites sur des animaux (chats, rats, singes). Ceci signifie directement que les scientifiques considèrent que ces animaux, les Mammifères, éprouvent des émotions. Ceci était déjà proposé par Darwin en 1874, dans son ouvrage sur l’évolution des émotions entre les animaux et l’Homme. L’argument neurologique est que le cerveau des Mammifères contient les structures nerveuses des émotions : hypothalamus, amygdale, cortex préfrontal orbitaire et médian, qu’on rassemble sous le nom de « système limbique ». Il est donc scientifiquement admis que les Mammifères éprouvent de la douleur et des émotions, dont la joie et la peur.
Alors ça veut dire que les humains et les autres Mammifères éprouvent les mêmes émotions ? Presque ! Le chapitre se conclue sur les relations entre l’amygdale et le néocortex, qui font que, souvent, pour un même stimulus, deux humains éprouvent une émotion différente ; alors que les autres Mammifères ont tendance à éprouver la même émotion pour un stimulus donné. Le néocortex permettrait aux humains de prendre en compte leur histoire personnelle pour nuancer leurs émotions.
3 – Le stress
Le stress en biologie
Tous les êtres vivants (organismes) sont capables de ressentir un stimulus, c’est à dire un signal informant d’un changement autour de l’organisme : intensité lumineuse, température, pression, présence d’une substance particulière, présence d’un autre organisme, etc. Ce signal est appelé stress, en biologie. Cette notion est donc différente du stress dont on parle dans le langage courant et qui nécessite un système nerveux ou hormonal. Le stress en biologie n’en nécessite pas. Il correspond à la capacité d’un être vivant à s’adapter à un changement (suite à la réception d’un stimulus). La capacité d’être stressé est donc une compétence favorable, et même nécessaire à la survie. Voici des exemples de comment se passe le stress dans les différents groupes d’êtres vivants :
– Microbes (champignons, petits organismes unicellulaires, bactéries) : changement de l’arsenal protéique, formation d’endospore ou de biofilm (voir ici ou là au paragraphe B 7 )…
– Végétaux (fruits, légumes c’est à dire tiges, feuilles, racines, bourgeons) : éthylène émis lors d’une blessure, réaction à la présence d’un prédateur, fermeture des stomates lors d’un stress hydrique…
– Invertébrés (escargots, fruits de mer : crevettes, moules, huîtres, oursins) : système nerveux et proto-stress. Selon The American Association for Laboratory Animal Science, les animaux invertébrés ont des systèmes nerveux et répondent à des stimuli nociceptifs, ils doivent donc être traités avec humanité. Dans le livre The Experimental Animal in Biomedical Research Volume II (1995) de Bernard E. Rollin et M. Lynne Kesel, les auteurs ajoutent que la communauté scientifique a donc inclus les Invertébrés parmi les animaux qui méritent une considération morale. Personnellement, ma première limite morale a été atteinte il y a plusieurs années quand qu’on m’a expliqué qu’il fallait vérifier que l’huître est bien fraîche, c’est à dire vivante, avant de la gober : quand son muscle adducteur résiste lors de la coupe et que son manteau se rétracte au contact d’un acide (vinaigre ou jus de citron). Manger de la chair animale ok (à l’époque), mais imaginer la mort de l’huître sous mes coups de fourchette ou dans ma bouche… brrr !!
– Vertébrés non Mammifères (poissons, volailles) : Ils ont un système nerveux et un système hormonal, qui transmettent les effets du stress dans tout l’organisme, notamment les muscles (pour les préparer à fuir le stimulus stressant). Ceci est assez bien étudié car cette réaction a des conséquences néfastes sur le goût et la texture de la viande (qui est composée de muscle)… Voici un exemple d’étude qui cherche les meilleurs conditions de transport des volailles jusqu’à l’abattoir, non pas pour leur hypothétique bien-être, mais pour le maintien des qualités de leur viande. Les poissons aussi peuvent ressentir un stress qui va agir sur de nombreux organes.
– Mammifères : L’Homme fait partie des Mammifères, qui ont tous un système nerveux et hormonal suffisamment complexe pour éprouver le stress à la manière des humains. Ainsi, certains abattoirs de porcs ont mis en place un repos de 3 jours (contre 2h légalement) dans un « spa pour cochons », où les animaux sont massés à l’aide de rouleaux, afin de bien se relaxer avant d’entrer un par un dans la salle d’abattage, où ils sont munis d’oeillères leur évitant la vue de la matraque électrique qui les tuera sur le coup. Ce mode de traitement des porcs est probablement très cher (imaginez le rendement de porcs abattus par heure), mais il montre la nécessité de ménager leur sensibilité si on veut éviter que le stress dégrade les qualités alimentaires de leur viande.
Il faut noter que si le stimulus est permanent, alors l’organisme ne comprend plus le changement et donc ne peux pas s’y adapter. C’est le problème du stress au sens où on l’entend souvent dans le langage courant : le stress chronique.
Le stress dans le langage courant
Le stress dont on parle dans le langage courant caractérise l’état de l’organisme, humain ou mammifère, quand il est soumis à une agression ou une émotion. L’organisme stressé produit de l’adrénaline et du cortisol, qui entrainent des mécanismes physiologiques permettant de répondre au signal stressant.
Mais en fait, les Invertébrés ressentent aussi ce type de stress, toujours selon les auteurs du livre The Experimental Animal in Biomedical Research Volume II : « La découverte de molécules semblables aux opiacés chez les vers de terre puis différents invertébrés comme les mollusques, les insectes et les crustacés montrent un parallèle entre les fonctions neurosécrétrices des vertébrés et des invertébrés. (…) Il est inévitable de conclure que les invertébrés ressentent de la douleur. Ceci rend obligatoire l’utilisation d’analgésiques et d’anesthésiques dans les activités de recherche sur les invertébrés. »
Ainsi, les Invertébrés possèdent des mécanismes de douleur et d’analgésie semblables à ceux des Mammifères. Cependant, on ne sait pas si ces mécanismes sont interprétés de la même manière. C’est la notion d’Umwelt : le monde ressenti par l’animal n’est pas celui que ressent l’humain. Par exemple, les grenouilles ont des yeux, mais elles ne voient pas leur proie si celle-ci est immobile. Les auteurs concluent le chapitre dans ce sens : Même si les invertébrés ressentent la douleur différemment des humains ou des autres mammifères, on doit donner à ces animaux le bénéfice du doute.
Le cri de la carotte
C’est quoi le cri de la carotte ? Voici la définition sous forme de blague sous la ceinture. En termes polis, c’est un argument qui arrive quasi inévitablement dans la conversation quand un végétarien explique qu’il a laissé tomber la viande pour éviter la souffrance des animaux… on lui réplique « ce n’est pas logique, il faudrait aussi que tu laisse tomber les légumes, pour éviter la souffrance des végétaux ».
Pourquoi s’inquiéter du cri de la carotte ? La personne qui pose cette question est-elle membre de la SPCC (Société Protectrice des Carottes Râpées) ? En général non, elle est juste choquée par la justesse de l’argument éthique, qui est pourtant incompatible avec la croyance bien ancrée que manger de la viande c’est bien (pour la santé, pour la société, etc). Voici l’explication en anglais, je trouve ça très drôle et très juste, bien que satirique, alors je traduis un extrait pour les francophones : « Comment se fait-il que des carnivores impitoyables, du genre « Miam je veux un bon steak » veulent consoler les légumes ? La réponse est tout simplement : ils ne veulent pas, ils se contrefichent des légumes. (…) Ils cherchent juste à se persuader que le végétarisme pour les animaux est un choix absurde, et qu’ils peuvent donc soulager leur conscience tout en continuant à manger de la viande. »
Comment limiter la souffrance des carottes ? On a vu que les végétaux étaient capable d’éprouver du stress, au sens de la biologie. Il est sans doute très différent de la souffrance que peut éprouver un animal, mais il existe. Si vous souhaitez le limiter, le plus efficace est de devenir végétarien ou mieux, végétalien. En effet, si on consomme des aliments animaux, on se place plus haut dans la chaîne alimentaire, donc on sacrifie plus de végétaux (comme on l’a vu ici, l’animal mange pour grandir mais aussi pour vivre, ce qui fait qu’il faut environ 10 calories d’origine végétale pour fournir 1 calorie de boeuf).
Bon, la biologie nous a montré que tous les êtres vivants étaient capables de ressentir du stress. Or on en tue tous les jours : les insectes quand on marche dans l’herbe, les bactéries quand on se brosse les dents, etc. Est-ce que ça signifie qu’on est tous de grands méchants ? C’est à la philosophie de répondre à cette question.
Arguments philosophiques
1 – Le droit animal
Il existe deux mouvements principaux en ce qui concerne le droit animal :
- le déontologisme & le welfarisme : Le welfarisme a été porté par Henry Spira puis Michael Pollan. Leur but est que les animaux soient traités correctement, c’est à dire que leurs besoins intrinsèques soient satisfaits. Par exemple s’assurer qu’un lapin peut ronger, une poule étendre ses ailes, etc… ce qui est très loin de la situation actuelle, comme vous le verrez dans le paragraphe sur la situation de l’élevage en France. Leur stratégie est la « négociation constructive« , c’est à dire communiquer avec les « méchants » (MacDonalds, entreprises pratiquant la vivisection, etc) afin d’obtenir des modifications concrètes de leurs pratiques.
- l’antispécisme & l’abolitionnisme : L’antispécisme dit qu’hommes et animaux sont égaux en droit et donc que les animaux ne peuvent pas être considérés comme des ressources (marchandises). Refuser le spécisme c’est affirmer que tous les êtres sensibles font partie des patients moraux, qu’on leur doit un traitement juste (équitable, égal, moral…). La conséquence est l’abolitionnisme, qui se définit par rapport au mouvement anti-esclavage et demande l’arrêt pur et simple de l’élevage. Ce mouvement est porté par Gary Francione et les végans. Ils veulent que les animaux soient laissés à propre existence (à part les soins portés aux anciens animaux domestiques). Pour ceux qui lisent l’anglais, voici une FAQ qui explique bien la logique abolitionniste. Les abolitionnismes pensent que le welfarisme, en félicitant les institutions qui améliorent un peu leurs pratiques dans le sens du bien-être animal, peut faire croire aux consommateurs que les animaux y sont bien traités, alors qu’ils sont un peu mieux traités.
Les deux courants ont le même but, améliorer les conditions de vie des animaux, mais une stratégie différente. Les welfaristes veulent améliorer les conditions de vie en élevage en faisant passer des mesures concrètes à court terme, par exemple augmenter la surface minimale pour une poule pondeuse ou faire interdire l’utilisation des cages en batterie pour les poules pondeuses à partir de 2012 dans l’Union européenne. Les abolitionnismes pensent que ces améliorations minimes apaisent les consciences alors que les conditions de vie restent déplorables. Ils y voient un moyen d’apporter aux masses exploitées des avantages dérisoires au regard de ce qui leur est dû, tout en anesthésiant chez elles l’envie de renverser le système. En fait, ces deux stratégies reprennent l’opposition générale entre réforme et révolution. Ce texte l’explique clairement avec cette question : « Voulez-vous, comme Spira, que l’on fracture un peu moins les os des poulets au moment du ramassage, ou voulez-vous, comme Francione, qu’on supprime les élevages de poulets ? ». Les élevages de poulets ne seront pas supprimés demain matin. Les bonnes questions à poser sont donc (A) « Est-il souhaitable que l’on fracture un peu moins les os des poulets “demain matin“ ? » et (B) « Si on les fracture un peu moins demain matin, cela compromet-il les chances de voir un jour les élevages de poulets disparaître ? ». Les deux mouvement répondent oui à la question (A) et certains sont divisés sur la réponse à la question (B). Certaines personnes, comme Peter Singer et Estiva Reus, répondent oui car on peut peser pour que les campagnes welfaristes ne contiennent rien qui entretienne le spécisme, et soient au contraire conçues au mieux pour le faire reculer. On parle alors de welfarisme non spéciste, et un mouvement est déjà engagé dans ce sens, par exemple en France avec L214, l’OABA ou la LFDA.
Comment faire si on n’adhère pas à un de ces mouvements mais qu’on a quand même une conscience morale (c’est à dire qu’on considère que l’Homme est un animal pensant, et qu’il a donc le devoir moral de faire souffrir le moins possible) ? On peut faire un compromis en limitant la souffrance imposée aux animaux. Pour cela, on peut limiter l’intensité de cette souffrance et/ou le nombre de fois où on la cause.
2 – Limiter l’intensité de la souffrance
Limiter la souffrance pendant la vie de l’animal
Un travail des animaux sans souffrance : possible ou pas ? Même si c’est possible en théorie, est-ce le cas pour votre producteur préféré ? Pour le savoir, il existe une et une seule solution : aller voir sur place ! Si l’éleveur refuse, c’est mauvaise signe…
Et si vous trouvez trop embêtant de questionner les éleveurs et de vous déplacer, il y a une seule solution 100% sûre pour éviter les élevages dans de mauvaises conditions… éviter les élevages.
Limiter la souffrance en fin de vie
Il existe des produits ne nécessitant pas la mort de l’animal :
- Les produits de la ruche (miel, gelée royale, pollen) : Je n’ai pas eu le temps de vraiment creuser ce sujet (ça sera pour un prochain article). Apparemment la récolte du miel ne cause pas la mort d’abeille, chez les éleveurs scrupuleux (qui anesthésient doucement les abeilles lors du retrait des cadres, et qui laissent suffisamment de miel dans la ruche pour que les abeilles s’en nourrissent pendant l’hiver). De même pour la récolte de pollen (bien sûr, ça augmente le travail des ouvrières, qui perdent ainsi une bonne partie de leur récolte de pollen). Par contre, la récolte de gelée royale nécessite le sacrifice de larves.
- Les œufs : Ils ne font pas mourir la poule pondeuse, chez les éleveurs attentionnés. Par contre la production d’œufs nécessite l’abattage des poussins mâles. En France ils sont, au mieux, broyés vivants.
- Les produits laitiers : De même, ils ne causent pas la mort de la vache ni de son veau, chez les éleveurs scrupuleux. Par contre leur production nécessite l’abattage des veaux, en général après avoir été engraissés pendant quelques semaines. Il est bien sûr financièrement impossible de nourrir et soigner ces animaux toute leur vie sans autre retour que leurs beaux yeux. Comme je l’ai souligné ici, la production laitière est indissociable de la production de viande. Si vous consommez du lait, des yaourts ou du fromage, vous causez la production de veaux, qui doivent être écoulés comme aliments.
Bien sûr, je limite cette liste aux produits alimentaires dérivés d’animaux. La même réflexion s’applique aux produits non alimentaires : la laine, la soie, le cuir, la fourrure, le duvet et les plumes, mais aussi les produits cosmétiques testés sur les animaux et les animaux comme modèles de laboratoire. Ces sujets méritent tout autant d’être traités, mais ce serait trop long pour cet article. N’hésitez pas à me dire si vous souhaitez que je fasse des recherches dessus et que je les partage dans un prochain article. Ce blog est là pour répondre à mes questions, mais aussi aux vôtres !
3 – Limiter la quantité de souffrance
On a vu qu’on tue forcément des êtres vivants au quotidien, ne serait-ce que des bactéries. Cependant, on peut choisir un comportement qui limite énormément leur nombre : pas d’insecticide mais des répulsifs, pas de gaspillage de nourriture mais une utilisation de la nourriture qui dépérit au frigo (pour ça, les bento sont idéaux), pas de produits d’élevage, qui nécessitent tous une grosse consommation de végétaux pour donner une petite portion de viande, de produits laitiers ou d’oeufs.
Le bien-être animal en France
La situation américaine est bien connue, et vous pouvez en lire un résumé ici (en français). C’est assez convaincant pour tester le végétarisme lors de votre prochain voyage aux USA, ce qui est non seulement facile (beaucoup de restaurants proposent des plats végétariens, car les végans sont relativement nombreux) mais aussi intéressant sur les plans culturel et gastronomique.
Pour la situation française, il n’est pas facile d’avoir des infos directes car il est généralement impossible de visiter les abattoirs, à part quand on y travaille… donc on peut soupçonner des faits durs à voir – on peut lire ici le témoignage d’une étudiante en médecine vétérinaire ce stage dans un abattoir, mais ce document est non daté et pas seulement factuel. De fait, la raison donnée par les abattoirs (notamment Charal) pour refuser les visites est qu’il faut des yeux habitués pour bien comprendre ce qu’on y voit. Effectivement, il est beaucoup plus facile pour un humain moyen d’avoir un paquet de viande bien propre et emballé, et si on pouvait visiter les abattoirs il y aurait probablement énormément plus de végétariens en France et dans le monde. Mais yeux habitués ou pas, je trouve anormal qu’on ne puisse pas les visiter, quitte à assister à une conférence préparatoire pour mieux comprendre ce qu’on voit (notamment les réflexes moteurs qui font qu’un animal inconscient bouge). Comme ça les gens qui veulent choisir en connaissance de cause peuvent le faire, au lieu d’être gardés à l’écart des informations. Ça me paraît plus citoyen de laisser les gens se faire leur avis.
Du coup certains essayent d’avoir les infos quand même, par des moyens détournés (caméra cachée, recoupement de chiffres, etc). A ce titre on peut citer L214, dont je salue le travail rigoureux, même s’ils utilisent parfois des moyens détournés pour avoir les infos (mais on vient de voir qu’à l’heure actuelle il n’est pas possible d’avoir ces infos de manière licite). Voici des vidéos montrant la situation des animaux d’élevage en France aujourd’hui : ici pour les bovins et là pour les autres animaux d’élevage.
Au sujet de l’abattage, voici comment ça se passe en bref : L’animal est attaché, puis assommé – à part pour les abattages rituels, qui demandent que l’animal soit reste conscient jusqu’à sa mort. Il est alors suspendu puis saigné et meurt donc par hémorragie.
Je vous conseille fortement de lire ce résumé court et complet sur l’élevage en France. En le lisant, vous allez peut-être vous dire, très fier, « moi je suis dans les 3% qui n’achètent que du poulet fermier »… C’est louable, mais attention ce n’est vrai que quand vous faites vos propres courses au supermarché ou chez le boucher. Or vous mangez sans doute de temps en temps au resto, à la cantine, vous achetez un sandwich dans une boulangerie ou dans une gare… là aussi vous achetez de la viande, non ? Et là vous pouvez être sûr qu’elle vient d’élevages intensifs-horribles-houla-beurk-pas-bien ; sinon il coûterait bien plus cher votre sandwich, votre ticket de cantine ou votre menu déjeuner. Alors à vous de compter combien de fois par semaine vous mangez de la viande pas chère, et combien de fois du poulet Label Rouge. Du coup, êtes-vous toujours dans les fameux 3%-irréprochables-trop-forts ?
Recette de muffins aux pommes
Cette recette a le merveilleux goût du gâteau au yaourt et aux pommes de ma maman. J’ai trouvé la recette ici, dans le blog Plaisir Végétal, qui présente toujours des recettes sympa et originales, le tout avec dans une prose bien agréable. N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil (ou à m’écrire pour râler si vous n’aimez pas que je vous parle de mes blogs préférés) !

Ils ont une bonne tête ces muffins végétaliens, non ? J'aurais quand même pu les faire dorer un peu plus...
Temps de préparation : 10 minutes
Temps de cuisson : 10 minutes (mini muffins) ou 20 minutes (muffins)
Ingrédients pour 6 muffins ou 12 mini muffins
– 100 g de farine de blé T110 (235 ml)
– 50 g de petits flocons d’avoine (125 ml)
– 50 g de sucre complet
– 3 g de bicarbonate de sodium (1 cuillère à café rase)
– 50 g d’huile d’olive (80 ml)
– 1 cuillère à café d’extrait de vanille (fait maison avec des gousses de vanille fendues qui macèrent quelques semaines dans une petite bouteille pleine de rhum)
– 100 g d’eau
– 10 g de jus de citron ou de vinaigre de cidre (1 cuillère à soupe)
– Facultatif mais tellement bon, 1 petite pomme (ou tout autre fruit)
Préparation
– Préchauffer le four à 200°C.
– Dans un saladier, mélanger la farine, les flocons d’avoine, le sel et le bicarbonate.
– Ajouter le « miel », l’huile et l’eau. Mélanger juste assez pour qu’il n’y ait pas de gros grumeaux de farine.
– Incorporer la pomme coupée en petits morceaux puis le jus de citron.
– Verser rapidement dans 6 moules à muffin (ça les remplit quasiment à ras bord).
– Mettre au four jusqu’à ce que ça soit bien doré et que ça sente bon dans la cuisine, environ 15-20 minutes. Si on plante un couteau dans le gâteau, il doit ressortir propre.
– Laisser refroidir avant de démouler.

Mini muffins prêts pour un voyage au congélateur
Ces muffins ont été adorés par tous ceux qui y ont goûté : famille, amis, collègues de travail, tous en redemandent ! Alors n’hésitez pas à doubler les proportions ou utiliser des mini moules à muffins, pour faire plus d’heureux… Et s’il vous en reste, ça se conserve très bien au congélateur 🙂 (très pratique pour les bento).
Remarques
- Je n’utilise pas de poudre à lever (levure chimique). Je remplace systématiquement 1 sachet (10 g) de poudre à lever par la technique suivante : Je verse 3 g (1 cuillère à café rase) de bicarbonate dans le mélange sec, puis j’ajoute les autres ingrédients du gâteau et, au tout dernier moment j’incorpore 7 g (2 cuillères à café) de jus de citron. Je verse ensuite rapidement le mélange dans le moule, j’enfourne et ça marche tout aussi bien !
- Pourquoi cette recette a-telle le goût d’un gâteau au yaourt… alors qu’elle ne contient pas de yaourt ? Je pense que c’est à cause du jus de citron supplémentaire (1 cuillère à soupe au lieu de 2 cuillères à café) : il doit donner l’acidité habituellement dûe au yaourt.
- Si vous n’avez pas de flocons d’avoine, remplacez-les par la même masse de farine de blé. Les flocons servent juste à apporter un peu de croustillant à ces muffins moelleux.
- Si vous n’avez pas de lait végétal, remplacez-le par un yaourt mélangé avec un peu d’eau (pour avoir une consistance de yaourt liquide). Vous pouvez également varier le goût du gâteau en remplaçant le lait par du jus de fruit. Et si vos placards sont vides, remplacez-le par 100 g d’eau (100 ml) + 10 g d’huile d’olive (15 ml).
- Si vous n’aimez pas le petit goût que l’huile d’olive donne à ce gâteau, remplacez-la par un autre corps gras (autre huile, margarine, purée d’oléagineux) ou par une purée de fruit (compote de pomme, purée de courgette ou de potimarron).

Brocoli saupoudré de gomasio et cachant quelques pommes de terre sautées, tomates cerises, "cheezy" saucisse de gluten et pois-chiches, ravioli chinois, mini muffin à la pomme
Edit du 17/11/2011 : Je viens de faire une variante de cette recette en remplaçant le sucre par 200 g de crème de marrons (purée de châtaignes sucrée et vanillée) et la pomme par 40 g de fèves de cacao crues… Un peu plus sec car il n’y avait pas de fruit, un poil plus friable car il y avait moins de farine par rapport au total des ingrédients, mais bien sympathique. A refaire en ajoutant des dés de poire ! Attention : si vos gâteaux sont destinés à des enfants, préférez des pépites de chocolat aux les fèves de cacao (qui ne sont pas du tout sucrées).

Bon dimanche !
Recette de cuisine durable
Étiquettes : A manger avec les doigts, Végétalien, Végétarien