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Pourquoi manger bio quand on est végétarien ? – Recette 7

13 Déc

Les végétariens sont plus exposés aux pesticides

Une étude scientifique vient de paraître, qui montre qu’il y a plus de pesticides dans l’alimentation des végétariens, quel que soit leur type, que dans une alimentation traditionnelle. Je vous explique la démarche :
– Méthode : Les chercheurs ont comparé la quantité de résidus de 421 pesticides dans les régimes traditionnel, lacto-végétarien, ovo-lacto-végétarien, pesco-lacto-végétarien et végétalien français.
– Résultats : 29 pesticides étaient présent en quantité excessive pour le régime traditionnel, contre 44, 43, 42, 41 et 30 dans les groupes végétariens.
– Connaissances : Le viande et les oeufs contenaient des pesticides organochlorés, mais les végétaux (fruits, légumes, céréales) contiennent des pesticides comme le triallate.
– Conclusion : A part pour les pesticides organochlorés, les végétariens doivent être considérés comme une population à étudier pour les risques liés aux résidus de pesticides. NB : Les non végétariens aussi sont exposés à des pesticides, hein ;).

En quoi les résidus de pesticides posent-ils un problème dans l’alimentation humaine ?

Effets des pesticides sur la santé humaine

Dans cette partie, je cite une étude scientifique pour chaque type d’effet. Les liens sont donc en anglais, langage utilisé en général dans la littérature scientifique. N’hésitez pas à me dire si vous n’arrivez pas à traduire un terme, ou jetez un oeil au dossier de Wikipédia (en français).

L’exposition à des pesticides augmente les risques de développer :
– Des problèmes respiratoires
– Des problèmes cardiaques
– La maladie de Parkinson
– Des problèmes neurologiques
– Des cancers
– Des problèmes de développement pendant la grossesse : L’atrazine, par exemple, est toxique pour l’embryon. Ceci doit être interprété à la lumière de l’observation qu’un certain nombre de femmes enceintes sont suffisamment exposées à des pesticides pour que des résidus soient détectables dans leur urine.

D’autre part, les taux maximum autorisés pour chaque pesticide sont élaborés pour éviter des effets néfastes chez l’animal de laboratoire (en général le Rat), liés à une exposition au pesticide seul, pendant une durée de 2 ans (ce qui correspond à une exposition très longue chez l’Homme). Des marges sont ensuite ajoutées pour espérer prendre en compte la variabilité entre le Rat et l’Homme, et la sensibilité accrue de certaines populations, comme les nourrissons, les enfants ou les femmes enceintes. Ainsi, les enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides, à cause d’un poids plus faible, d’une activité métabolique plus élevée, et de système physiologiques immatures. Et comme on peut le craindre, ces marges de sécurité sont parfois insuffisantes, en particulier parce que nous sommes exposés en permanence à une multitude de pesticides. Par exemple, une étude récente a mesuré les résidus de pesticides organochlorés dans les urines d’enfants étasuniens et a comparé leur quantité avec les données de toxicité neurologique de ces pesticides. Résultat : 40% des enfants (quasiment la moitié !) étaient hors de la limite de sécurité pour éviter des problèmes neurologiques liés à ces pesticides, à cause de l’exposition cumulée aux pesticides de cette famille.

Je vous laisse conclure sur la confiance que vous choisissez d’accorder aux produits non bio pour alimenter vos enfants, que vous soyez végétariens ou non. Notez également que les produits conventionnels issus de l’extérieur de l’Europe ont de fort risques de contenir des pesticides itnerdits en Europe.

Et on n’a même pas parlé des problèmes des pesticides vis à vis de l’environnement : faune, flore, sols, eau… Vous trouverez facilement des dossiers qui traitent de ce sujet ! Par exemple l’article de Raffa (son blog est une mine d’or)  ou celui d’Ecocert (organisme de certification de produits issus de l’agriculture biologique).

L’ONU milite pour l’agriculture biologique !

Nadia Scialabba, de la FAO (la partie de l’ONU qui s’occupe de l’agriculture et de l’alimentation définit ainsi l’agriculture biologique : “L’agriculture biologique est un système global de gestion de la production, qui évite l’utilisation d’engrais et de pesticides synthétiques et d’OGM, qui minimise la pollution de l’air, du sol et de l’eau, et qui optimise la santé et la productivité des plantes, des animaux et des personnes”.

Et la FAO a une position clairement en faveur de l’agriculture biologique, comme le montre cette page (en anglais) et les documents issus de la conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire organisée en 2007 par l’ONU. Je vous recommande en particulier le rapport final (en français), qui résume ce qui a été dit au cours de cette conférence.

Maintenant que vous avez pu vous faire votre opinion sur l’importance des pesticides, pour votre santé et celle de l’environnement, vous désirez peut-être diminuer votre exposition à ces substances. Alors passons à la pratique !

Comment éviter les pesticides dans l’alimentation ?

La solution la plus simple : manger bio !

Sinon, c’est plus compliqué, il faut à la fois :
– Eviter les aliments très concentrés en pesticides, comme les pommes, les pêches, les fraises. Une liste plus complète est disponible ici (en anglais).
– Privilégier les produits venant de France, voire d’Europe (les seuils maximum tolérés en pesticides varient selon les pays, voire ne seraient pas du tout contrôlés dans certains)
– Eplucher les fruits et légumes, enlever les premières feuilles des salades et choux.

Et en plus c’est moins efficace que d’acheter des aliments bio (les seuls garantis sans pesticides et sans OGM) car les pesticides actuels sont capables de pénétrer à l’intérieur de la plante. J’ai fait une simulation sur le site de Bayer, fournisseur de pesticides. Pour un pommier, différents produits sont proposés, pour des usages variées (fongicide, herbicide, régulateur de croissance, etc). Je n’ai pas lu les notices de tous les produits, en voici 2 choisis au hasard :
– Dans la catégorie des fongicides, Aliette flash est un pesticide systémique ascendant et descendant, c’est à dire qu’il pénètre à l’intérieur de la plante et y diffuse dans tous les sens en passant par la sève.
– Dans la catégorie des insecticides, Calypso est un pesticide systémique acropétale, c’est à dire qu’il est absorbé par la plante et, si j’ai bien compris, il y pénètre des racines jusqu’au sommet.
Autant dire que pour enlever les résidus de pesticides des légumes traités avec ces produits, il faut se lever tôt !
Enfin, il existe des pesticides capable de pénétrer dans la cuticule, et donc de résister au lessivage. Résister au lessivage ? C’est à dire à la pluie (pratique pour ne pas avoir à remettre souvent du pesticide) mais aussi au lavage avant consommation…

Aliments conventionnels contre aliments bio : le match

Avantages des produits non bio :
Disponibles dans tous les supermarchés
Peu chers

Inconvénients des produits non bio :
Mauvais rapport qualité/prix : Les pesticides ont des effets néfastes pour la santé et l’environnement, probablement même quand ils respectent les seuils maximum autorisés.
Certains pesticides ne partent pas au lavage : problème pour les produits difficilement épluchables comme les fraises ou la farine de blé.
Certains pesticides sont présents à l’intérieur du fruit ou du légume : problème pour tous les fruits et légumes, qu’il faudrait probablement éplucher sur 1 cm d’épaisseur
Et bien sûr on ne sait pas quel pesticide a été utilisé pour le légume qu’on est en train d’acheter…

Avantages des produits bio (donc garantis sans pesticides) : plus besoin d’éplucher !!
Economie de temps : il suffit de les brosser au lieu de les éplucher
Meilleurs apports nutritifs, puisqu’on consomme la peau (et la peau se mange souvent très bien, il n’y a qu’à voir ma recette de la semaine !). Arguments ici et .
Pas de gaspillage : on consomme tout le produit
Pas de surcoût financier par rapport à une alimentation non bio contenant de la viande, surtout si on évite d’acheter trop de nourriture toute prête. Je vous engage fortement à lire cet article qui l’explique très honnêtement.

Inconvénients des produits bio :
Moins disponibles que les produits conventionnels : Ils se trouvent un peu dans les grandes surface, mais surtout dans les magasins bio ou les entreprises livrant des paniers bio. J’achète toutes les semaines ma provision de légumes pour la semaine (pour 2 personnes), pour un coût de 8 euros (sans engagement dans le temps), avec une très bonne qualité, des idées de recettes, et juste le temps d’aller récupérer le panier dans le point de livraison. Les inconvénients de ces paniers : produits pas toujours français et choix de légumes imposé (je ne m’en plains pas car depuis il n’y a plus l’horrible moment “tu veux manger quoi cette semaine ?” “je ne sais pas, fais comme tu veux” “tu ne m’aides pas, bon on va prendre la même chose que la semaine dernière”…).
Plus chers que les produits conventionnels, si on achète beaucoup de plats tout prêts et qu’on consomme pas mal de viande. Mais les magasins bio proposent souvent d’acheter en vrac céréales, pâtes, biscuits et fruits secs à des prix réellement avantageux par rapport aux mêmes produits non bio vendus en sachet au supermarché.

Vous pouvez faire d’1 pierre 2 coups : laissez tomber la viande pour un jour de la semaine, et mangez bio ce jour-là ! Bilan : un repas plus facile à préparer, un porte-monnaie qui n’a même pas vu la différence, et en prime la bonne conscience d’avoir agi pour sa santé et cette de l’environnement !

Recette : potirron et risotto

Comment cuire un potimarron sans s’embêter ?
– Préchauffer le four à 160°C.
– Rincer le potimarron, le brosser si il est très sale.
– Le déposer sur une lèchefrite et enfourner 40 minutes à 1 heure, en fonction de la taille du potimarron. C’est cuit quand on peut enfoncer assez facilement une pointe de couteau à travers la peau.
– Laisser tiédir puis couper en tranches et enlever les graines. Pas besoin de peler la bête !
– On peut congeler tels quels les morceaux de potimarron. Alors, c’est pas trop facile ?  🙂 Suis-je la seule à avoir vécu sans connaître cette astuce ?…

Comment utiliser ce potimarron cuit ?
Vu qu’on ne s’est pas épuisé à préparer le potimarron, on a encore de l’énergie pour le cuisiner, non ? 🙂 Les recettes fourmillent sur le net, parmi les fans de cucurbitacées !
On peut le déguster sucré : simplement nappé d’un peu de sirop d’érable,  en pain d’épices, etc.
Pour les recettes salées, il est souvent mixé en soupe avec des châtaignes, parfois servi directement dans le potimarron pour un effet très classe (ici et  -il faut alors cuire le potimarron seulement 20 minutes au four). Ici, je vous le propose en risotto, d’après une recette trouvée dans mon panier de légumes bio et adaptée pour la rendre végétalienne.

Recette de risotto au potimarron et aux « lardons »

Temps de préparation : 10 minutes
Temps de cuisson : 30 minutes

Ingrédients pour 2 personnes
– 160 g de riz rond, si possible de la variété carnaroli
– 120g de tofu fumé ou une poignée de noisettes
– 1 gros oignon
– 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
– 750 ml de bouillon de légumes (j’ai utilisé 1 cube de bouillon de légumes aux herbes)
– 250g de potimarron déjà cuit
– 1 cuillère à soupe de levure de bière maltée en paillettes

Préparation
– Faire chauffer 750ml d’eau et y dissoudre le cube de bouillon.
– Emincer finement l’oignon, couper le tofu en petits dés.
– Dans une sauteuse, faire chauffer l’huile et y faire dorer l’oignon et le tofu pendant 5 minutes.
– Ajouter le riz et le faire revenir quelques minutes, pour qu’il devienne translucide.
– Ajouter le bouillon louche par louche, en attendant qu’il soit à peu près absorbé avant d’en ajouter à nouveau.
– Quand le riz est presque cuit, ajouter le potimarron coupé en gros dés.
– Juste avant de servir, incorporer la levure de bière.

Remarque : Si vous utilisez du potimarron cru, il faut apparemment l’ajouter dans la sauteuse en même temps que le riz. Mais dans ce cas vous devrez jouer au bûcheron pour découper le potimarron cru en morceaux… trop dangereux pour la maladroite que je suis 😉

Bonne semaine ! Je suis désolée pour le retard de parution, mon emploi du temps est chargé en ce moment (comme vous tous j’imagine) et cet article m’a demandé plus de recherches que prévu. J’espère qu’il vous a servi…

Recette de cuisine durable