Pourquoi mes enfants sont-ils si difficiles pour l’alimentation ?

20 Août

Bonjour !

Mes deux enfants, le Béluga (10 ans) et le Pinto (presque 6 ans) sont très difficiles sur le plan alimentaire. Je partage avec vous mes réflexions pour essayer de comprendre ce qui les a amenés là.

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Doudou et moi mangeons végétalien depuis avant la naissance de nos enfants, donc ils ont été aussi végétaliens, de leur conception à leur diversification alimentaire. Ils ont ensuite pris de temps en temps des repas avec leurs grands-parents puis avec leur nounou, incluant des produits d’origine animale. Ensuite, ils ont été inscrits à la cantine dès leur entrée à l’école maternelle, en choisissant le « menu sans porc » puisque c’était ça ou le menu complètement classique.

Nous avons décidé que nos enfants mangeraient à la manière des adultes qui en avaient la responsabilité : ils mangent végane à la maison (le matin, le soir et le week-end), flexitarien chez leurs grands-parents (un jour par semaine) et comme ils le souhaitent à la cantine (4 fois par semaine) et chez leurs ami·es. Comme j’en ai parlé dans cet article, cette situation est un compromis de la part de tout le monde.

De manière générale, nous expliquons un maximum de choses à nos enfants. Nous leur avons donc naturellement expliqué d’où venaient les produits animaux et pourquoi nous ne souhaitons pas en consommer à la maison. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur des livres adaptés à leur âge, et je vous les ai présentés ici, et .

A partir de 2 ans, le Béluga comme le Pinto sont progressivement entrée dans la phase de néophobie alimentaire. Mais en plus de refuser de goûter les aliments inhabituels, ils se sont mis à refuser les aliments habituels qu’ils avaient oubliés qu’ils aimaient, par exemple parce qu’on ne les avait pas cuisinés depuis la saison précédente. Pour le Béluga, on a essayé de suivre les conseils habituels, en vain. Il en venait à avoir un réflexe vomitif quand on voulait le forcer à goûter une cuillerée d’un plat, et les repas étaient devenus une zone de conflit dont personne ne sortait gagnant.

Comme j’en ai un peu parlé dans cet article, j’ai lu de nombreux ouvrages à la recherche de conseils efficaces et en ai trouvé dans « Mettez fin à la querelle des brocolis » de Dina Rose. J’ai repris ces conseils, avec l’autorisation de l’autrice, dans « Nourrir son enfant autrement« . Ils nous ont donné une ligne de conduite qui nous a permis de sortir de la lutte de pouvoir au moment des repas et d’avoir une stratégie de long terme pour que nos enfants aient une relation plutôt saine avec la nourriture. Mais cela n’en a pas fait des aventuriers du goût.

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A l’heure actuelle, je peux lister les aliments végétaux non sucrés le Béluga et le Pinto mangent tous les deux sans aucun problème : le pain sans graines, le « pain des fleurs », les pâtes à rien, le riz nature, les frites, le tofu fumé Soy, les saucisses végétales type Knacki, les panisses, les nuggets de pois chiche, l’omelette de sarrasin, les bâtonnets de carotte, les carottes râpées sans vinaigrette, le cœur de laitue, les tranches de radis rose sur du pain « beurré », les chips, les pistaches, les cacahuètes salées, les noix de cajou. Voila !

Bien sûr, chaque enfant séparément mange des aliments supplémentaires, et chaque enfant mange aussi sans problème certains produits d’origine animale, par exemple du jambon et des desserts lactés, et de nombreux aliments sucrés. Et évidemment ce ne sont pas les seuls aliments que nous leur proposons ! Mais tout de même, on est bien dans la situation des enfants extrêmement sélectifs sur le plan alimentaire.

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Quand je réfléchis à ce qui peut expliquer la sélectivité alimentaire de mes enfants, plusieurs raisons me viennent en tête.

D’une part, je pense qu’il y a une part d’hérédité. Personnellement, je n’ai jamais été difficile sur le plan alimentaire, mais Doudou l’a été pendant longtemps, et le reste un peu. Il est très sensible aux odeurs et il y a de nombreux aliments qu’il n’a pas mangé avant l’âge adulte.

Bien entendu, on peut penser qu’il y a en plus un lien avec notre végétalisme. Non pas parce que l’on a diabolisé certains aliments : j’ai toujours été très vigilante sur ce point.

Par contre, il est vrai que nos enfants nous voient souvent bénéficier de plats personnalisés chez nos proches, au restaurant, voire ne pas manger toutes les composantes d’un repas proposé à la cantine. Ils savent que c’est lié à notre véganisme, et eux ne se définissent pas comme véganes, mais je pense qu’inconsciemment, cela leur montre qu’il y a moyen de refuser ce que mangent les autres personnes.

Mais à mon avis, ce n’est pas cela le principal impact de notre véganisme sur leur alimentation. Selon moi, la conséquence la plus importante du véganisme est notre peur que nos enfants n’aient pas tous les nutriments et toutes les calories nécessaires à leur croissance.

En effet, nous étions convaincus qu’il était possible d’élever des enfants en bonne santé de manière végane, pour avoir lu de nombreux textes de diététique et avoir les capacités d’équilibrer une alimentation végétale. Il n’en reste pas moins que nous avions peur du regard du monde médical et que nous devions aussi gérer l’anxiété de nos proches.

Il n’était donc pas envisageable pour nous d’adopter la position simple et détendue de poser un plat sur la table et d’informer qu’il n’y en avait pas d’autre, et que si l’enfant n’en mangeait pas il n’aurait qu’à avoir faim jusqu’au repas suivant, environ 3 heures plus tard.

Il n’était pas non plus envisageable pour moi de faire du « chantage au dessert ».

Enfin, il n’était pas facile, ni pour moi, ni pour les grands-parents, de gérer la frustration de mes enfants. Je sais maintenant que c’est lié à des troubles affectifs, et je travaille à guérir de cela grâce à l’EMDR, mais cela ne se fait pas en un claquement de doigt, ni pour changer mon attitude présente, ni évidemment pour neutraliser l’impact de mon comportement passé.

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En conclusion, je ne pense pas que notre véganisme soit la raison pour laquelle mes enfants sont difficiles sur le plan alimentaire, même si je considère que cela a eu un impact indirect. J’ai plutôt l’impression qu’il y a eu plusieurs raisons indépendantes qui se sont conjuguées. Et je continue d’appliquer les conseils de Dina Rose pour continuer d’aller en douceur vers une relation saine et riche entre mes enfants et leur nourriture.

Et vous, avez-vous une expérience ou un avis sur les enfants difficiles sur le plan alimentaire ?

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Bon week-end !

8 Réponses vers “Pourquoi mes enfants sont-ils si difficiles pour l’alimentation ?”

  1. mamapasta 20 août 2022 à 18:36 #

    tes enfants n’ont manifestement aucune lacune intellectuelle liée à une carence alimentaire , donc tout va bien! ( le kwashiorkor ne va pas leur tomber dessus)
    Que mangent-ils chez leurs amis? du riz nature avec de la laitue nature et des carottes nature ou s’aventurent-ils à manger des courgettes?
    Si tu les « lâches » face à un buffet garni avec d’autres enfants qu’ils connaissent ( effet d’entrainement ) mais sans vous ( les parents des autres enfants par exemple ) que se passe-t-il ?
    [ mon côté scientifique ressort!!!]

    • vegebon 21 août 2022 à 12:58 #

      Coucou Eve,
      Je veille scrupuleusement à ce que mes enfants n’aient aucune carence alimentaire, notamment parce que la liste que j’ai donnée est le croisement entre ce que le Béluga et le Pinto mangent sans problème : séparément, ils mangent aussi bien plus d’aliments, heureusement.
      J’évite de demander à mes enfants ce qu’ils mangent hors de la maison, justement pour éviter tout sentiment de pression. Mais chez les ami·es qui ont des enfants, il y a souvent les plats habituels pour les enfants omnivores difficiles, comme des pâtes à rien et du jambon, qu’ils mangent sans problème quand ils y vont dormir. Et à la cantine, le soir le Pinto m’annonce en général fièrement qu’il a mangé 3 choses : du pain, le laitage et le dessert… Le Béluga ne me raconte pas ce qu’il mange à la cantine, mais je sais qu’en maternelle il y mangeait très peu de choses également.
      Dans le centre aéré où ils vont l’été, il y a une ambiance très bienveillante et en effet un appel au collectif pour aider les enfants difficiles à goûter. Cela fonctionne un peu, puisque cet été, le Pinto a accepté de goûter et a aimé du quinoa nature et des pâtes au pesto vert. Je compte également sur les camps scouts pour que mes enfants apprennent à se débrouiller avec des menus ne comportant pas forcément leurs aliments préférés, ni leur aliment de secours.
      Ve qui n’est pas simple, c’est que chez les grands-parents, où ils mangent au moins 2 repas par semaine, il y a un menu 100 % personnalisé pour le Pinto, un autre pour le Béluga, et il n’y a pas d’autres enfants, donc on n’a pas vraiment de soutien pour les inciter à élargir leur répertoire alimentaire. Et j’avoue que, les soirs de semaine, on n’a pas toujours le courage d’appliquer tous les conseils de Dina Rose, en particulier on propose souvent des aliments très simples qui figurent dans la petite liste que j’ai mise dans l’article, et on n’impose pas toujours que les enfants s’intéressent aux aliments qu’ils refusent de goûter en nous donnant deux caractéristiques qu’ils trouvent.

  2. clemlamandarine 22 août 2022 à 15:44 #

    Petit Lutin est extra difficile aussi. Je pense avoir assez de mes doigts et orteils pour compter l’intégralité des aliments salés qu’il aime, viande et fromage compris. Il est en plus très (très très) mince, à tel point que le médecin lui a prescrit une alimentation grasse, et a préconisé de lui faire manger plus de viande et de fromage… Comme c’est à peu près tout ce qu’il accepte de manger, j’ai totalement abdiqué. Cela n’a au final pas arrangé grand chose : il picore par ci par là, ne mange en quantité presque rien, n’a pas pris un gramme. Bref, c’est compliqué aussi, et même plutôt angoissant.

  3. Goéland 24 août 2022 à 09:40 #

    Ce que vous décrivez m’évoque un trouble de l’oralité alimentaire qui est caractérisé par une hypersensibilité à certaines odeurs, goûts, textures et parfois par un réflexe nauséeux exacerbé (comme le béluga dans sa petite enfance). Ce trouble peut être désensibilisé par des professionnels spécialisés : orthophoniste ou parfois kiné. J’espère que ce commentaire pourra apporter un autre éclairage sur les difficultés alimentaires de vos enfants.

    • vegebon 24 août 2022 à 10:55 #

      Bonjour Goéland,
      Merci beaucoup pour votre commentaire. La psychologue que nous consultons de loin en loin pour le Pinto nous a parlé de ce trouble et recommandé de consulter un·e orthophoniste, mais nous n’avons pas pris le temps de nous pencher plus précisément sur le sujet. Je suis également embêtée à l’idée de prendre une place à quelqu’un qui aurait plus besoin d’orthophonie que nous, vu que les orthophonistes ont visiblement peu de disponibilité.
      Mais je vais creuser le sujet. J’ai lu dans cet article qu’on est considéré comme guéri du trouble de l’oralité quand on consomme au moins 30 aliments différents. Je vais proposer à mes enfant de lister chacun tous les aliments qu’ils mangent, et on verra où cette discussion nous mène.
      Merci pour cette piste !

  4. Cécile 25 août 2022 à 11:33 #

    merci pour cette réflexion très intéressante ! Mon ainée de 4 ans est difficile aussi, j’essaye de lâcher du lest (de toutes manières je ne peux pas la forcer à manger un plat qu’elle n’aime pas) mais c’est vrai que je m’angoisse pour les nutriments et les calories (d’autant plus que c’est une ancienne grande prématurée, qui est entrée dans la vie avec un tout petit poids et une carence en fer, les deux subsistant au fil du temps). Ce qui nous sauve, c’est le fromage rapé végétal (que je fais fondre sur de la purée de carottes ou des wraps), le tofu fumé (qu’elle mange froid ou chaud), les noix de cajou (à une époque elle en mangeait 250 g par semaine). J’invente aussi des petits jeux (on trempe des concombres-crocodiles dans de la neige-yaourt de soja et ils s’amusent à skier sur la langue) mais ça rend les repas très longs !

  5. Laurence 26 août 2022 à 11:33 #

    Bonjour,
    ma fille de 8 ans est végétarienne très fortement végétalienne à la maison (=un fromage 1 jour sur 2), à l’école menu « sans viande » 2 fois/semaine, et elle mange ce qu’elle veut chez les amis. Elle a déjà refusé du jambon chez une copine à plusieurs reprises.
    Nous venons de rentrer de 10 jours de vacances avec mes beaux parents très consommateurs de viandes/produits laitiers et peu de légumes.
    Au menu beaucoup de riz/pâtes blanches/patates/yaourts/fromages/viandes en tout genre et de biscuits apéro. Et bien ma fille a rechigné toute la semaine avec ses légumes, alors qu’on n’a jamais eu de problème avec ça.
    Je pense qu’une légère accoutumance au sel s’impose aussi assez vite.
    C’est bien moins problématique que des troubles de l’oralité ou psychologiques, mais je souhaitais tout de même partager ces observations.

  6. TartineAuPoivre 7 septembre 2022 à 00:53 #

    Bonjour, merci pour TOUT votre blog!
    Nos enfants aiment mieux certains aliments lorsqu’ils sont mélangés dans un pain burger.
    Bonne continuation à vous et votre famille, vous êtes une personne généreuse et dont j’apprécie beaucoup l’intelligence.

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