Ce blog entend donner les vrais arguments pour résoudre des questions qui touchent de près ou de loin au végétarisme. Après une série qui a décortiqué les principales raisons pour lesquelles quelqu’un peut choisir d’être végétarien, voici un article qui analyse les raisons pour lesquelles quelqu’un peut choisir de rester omnivore. Si votre raison n’est pas dans cette liste, signalez-la moi et je l’inclurai. J’ai classé ces raisons en 3 catégories : les raisons « pour de rire », les raisons sérieuses officielles et les raisons sérieuses officieuses.
Cet article est donc une base de réflexion pour tout le monde, et j’espère qu’il servira de guide de conversation pour les végétariens. N’hésitez pas à utiliser les commentaires pour hurler expliquer si certains paragraphes vous choquent/déplaisent/font rigoler. Comme d’habitude, vous avez le pouvoir de faire modifier les articles de ce blog, le but est qu’il ne contienne que des informations solides et complètes !
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons « pour de rire »
Voici les raisons qui sont spontanément citées lors d’une discussion sur le végétarisme, qui sont frappantes, mais qui ne résistent pas à 5 minutes de réflexion (à moins que les participants ne soient complètement ivres).
1 – Parce que je ne veux pas manger que de l’herbe
Réponse : Voici deux démonstrations pour montrer que les végétariens ne mangent pas que de l’herbe : une vidéo (vous pouvez cliquer, c’est Kaamelott) et un test en images. Donc les végétariens ne se nourrissent pas que de salade et de brocolis, même si Garfield vous adorerait pour ça !
2 – Parce que les animaux sont là pour nous nourrir
Cette raison est merveilleusement expliquée ici et la réponse vient d’elle-même. Je n’ai rien à ajouter – sinon que le blog Insolente Veggie est un régal de mauvaise fois végétalienne mise en bande-dessinées, avec un humour et une justesse diaboliques, un peu comme Tignous dont je vous avait parlé ici.
3 – Parce que c’est pas écolo de manger du soja
Problème : Dans mon village les vaches ne mangent que de l’herbe et les poulets que du grain.
Réponses :
1) C’est génial, quelle chance de pouvoir en bénéficier ! Il suffit donc de ne manger QUE ces animaux nourris et traités correctement. Donc de manger végétalien à la cantine, au resto, chez les amis, etc.
2) On a vu ici que satisfaire ses besoins protéiques par un produit dérivé du soja pollue énormément moins que la viande. Cependant, le tofu (graines de soja cuites, mixées, filtrées, caillées puis emballées et conservées au froid ou stérilisées) pollue plus que des aliments plus bruts comme les légumineuses vendues sèches puis cuites à la maison. Donc n’hésitez pas à satisfaire vos besoins de protéines et de fer avec des lentilles corail, des pois chiches, des haricots secs, des fèves, etc.
4 – Parce que je veux manger avec les autres à la cantine
Problème : en France il arrive parfois ceci.
Réponses :
1) En début d’année, demandez au (à la) responsable de la cantine si vous pouvez avoir un plat végétarien (quitte à dire que c’est pour des raisons de santé ?).
2) Si ce n’est pas possible, vous pouvez certainement demander lors du service une assiette avec seulement les accompagnements – en général ça vous donne le droit à une entrée supplémentaire. Et pour l’équilibre alimentaire, il suffit de manger plus de protéines le soir ou d’apporter une petite salade de pois chiches dans une mini boîte le midi.
3) En complément, signez et faites diffuser la pétition de l’AVF qui demande que des menus végétariens soient proposés en restauration collective. Les usagers des écoles et collectivités qui s’y sont mises un jour par semaine sont très contents, et ça permettra à terme de diminuer le coût d’un ticket de cantine, ou de manger bio sans l’augmenter !
5 – Parce qu’un jour j’ai croisé un végétarien stupide/sectaire/moche (rayer les mentions inutiles)
Problème : ceci.
Réponse : Il y a des cons gens détestables partout, chez les végé comme chez les autres… Vous êtes grands maintenant, vous devez savoir séparer l’idée et le messager. Ou alors il faudra que tous les végés soient comme ça.
6 – Parce qu’il faut manger de la viande pour être grand, fort et musclé
Problème : ceci.
Réponse : Il suffit de faire de l’exercice physique et de manger suffisamment de protéines, comme Robert Cheeke, bodybuilder végan, et Rich Roll, triathlète végan.
7 – Parce que je ne veux pas devenir pétomane
Réponse : Aucun souci si vous laissez tremper les légumineuses (une nuit pour les pois-chiches secs et les haricots secs, 2h pour les lentilles sèches, pas besoin pour les lentilles corail et les pois cassés) puis que vous les rincez soigneusement et que vous les faites cuire dans une eau additionnée de bicarbonate ou de wakame. Et pour être sûr de ne pas avoir de souci, modifiez votre alimentation de manière progressive.
8 – Parce que si on arrête la viande, il faudrait aussi arrêter les carottes
Problème : Ceux qui ne consomment pas de viande ni de produits laitiers pour éviter la souffrance des animaux devraient aussi arrêter de consommer des carottes, qui sont aussi des êtres vivants.
Réponse : on a vu ici un paragraphe spécialement dédié à cette question. Les carottes ne ressentent pas la douleur de la même manière que les animaux.
9 – Parce qu’on m’interdit déjà assez de choses
Problème : On nous dit déjà qu’il ne faut pas boire, pas fumer, pas faire de blagues politiquement incorrectes… Alors maintenant il ne faut pas manger de viande ?! Là c’est trop !
Réponse : Le végétarisme n’est pas que le refus de certains aliments, c’est une opportunité de découvrir des centaines de nouveaux plats délicieux (et plus faciles à préparer, et moins chers).
10 – Parce que je ne veux pas entrer dans une secte extrémiste et irréaliste
Problème : ici.
Réponse : voir la question 5 ci-dessus. Et j’en profite ici pour mépriser personnellement les gens qui disent respecter complètement le végétarisme s’il est dû à une religion, mais pas du tout s’il est lié à une réflexion personnelle.
Et pour finir ce chapitre, 10 idées classiques sur les végétariens, racontées avec humour. Et pour ceux qui lisent l’anglais, un « carton plein » des arguments « pour de rire » contre le végétarisme.
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons sérieuses officielles
Voici les raisons importantes qui rendent toute personne normale réticente a priori vis à vis du végétarisme. J’essaye donc d’y apporter une réponse construite. N’hésitez pas à les commenter afin que je les perfectionne et qu’elles soient solides (ou qu’on sache tous qu’elles ne le sont pas ^^).
1 – Parce que j’ai peur d’avoir des carences
Problème : La viande apporte un certain nombre de nutriments importants : protéines contenant tous les acides-aminés essentiels, vitamine B12, fer (enfin, pas tant que ça pour le fer). Les végétariens qui ne remplacent pas la viande peuvent donc en manquer, s’il ne respectent pas ces conseils simples ou ceux-là. Notons cependant que les végétariens sont actuellement en meilleure santé que les omnivores, alors que rien, en France, ne les aide à manger équilibré (quasiment aucun resto ou cantine ne propose des légumineuses). Ce paradoxe s’explique parce que la majorité des végétariens, suite aux inquiétudes des leurs proches sur les risques de carences, ont pris quelques heures de leur temps pour s’informer sur la manière d’équilibrer un repas. Combien d’omnivores ont un jour vérifié que leur alimentation est équilibrée ? (Pas moi quand je l’étais !)
Réponse : Faire des analyses sanguines régulières en s’adressant à un professionnel de santé qui connait les avantages et les risques de l’alimentation végétarienne (évitez ceux qui n’y connaissent rien et sont persuadés, à tort, qu’être végétarien en bonne santé est impossible). Voici une liste de professionnels de santé favorables à une alimentation majoritairement végétale, ils ont l’air sérieux et disponibles : « Les personnes souhaitant contacter un professionnel de santé peuvent nous envoyer un message en précisant leur besoin et leur région, et nous les orienterons vers le ou les professionnels correspondants ». Vous pouvez aussi contacter des diététiciens/nutritionnistes recommandés par l’AVF ou ceux dont le site internet est bien fait, comme Séverine Sénéchal et Véronique du site Dietimiam. Sur ces deux sites, on peut avoir une consultation diététique par internet, ce qui me semble très pratique pour une première fois. Je vais bientôt tester et je vous en reparlerai – elle a l’air de faire un super boulot, en prenant en compte les contraintes/désirs du patient. A mon avis, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous pour un bilan avant chaque grand changement de la vie : transition vers le végétarisme, grossesse, enfance, grand âge, début d’une intense activité sportive, etc. Ceci qu’on soit végétarien ou omnivore.
2 – Parce qu’on a toujours mangé de la viande
Réponses :
1) Le respect des traditions n’est pas, à lui seul, un argument sérieux. D’une part parce qu’il engendre des dérives (avant on avait le droit d’avoir des esclaves, de tuer des hommes à cause de leur couleur de peau, les femmes n’avaient pas le droit de vote, etc). D’autre part parce que notre mode de vie n’a plus grand chose de traditionnel : voiture, avion, eau courante chauffée… Qui voudrait s’en passer afin de respecter les traditions ?
2) En 1950, on mangeait 120g de viande par jour, à l’heure actuelle on en mange plus de 200g par jour (sans compter le poisson et les fruits de mer). Il serait effectivement très utile (pour la santé, l’environnement, le prix, etc) que chacun revienne à cette consommation traditionnelle. Et que surtout on consomme à nouveau majoritairement de la viande de bonne qualité (provenant de bétail élevé en plein air et nourri d’aliments qui lui conviennent), comme c’était la norme du temps de nos grands-parents. Et les éleveurs sont d’accord (voir les commentaires de Jacques C à la fin de cet article).
3) Avant, on vivait dans un monde où on mangeait ce qu’on avait, quand on pouvait. A l’heure actuelle, nous occidentaux vivons dans un monde marqué par la surabondance d’aliments. On peut donc choisir de manger ce qui nous plait, et choisir de consommer quelques compléments alimentaires adaptés pour être en parfaite santé (à voir avec votre médecin, grâce à des analyses de sang régulières).
3 – Parce que l’homme est fait pour manger de la viande
Problème : L’appareil digestif humain est celui d’un omnivore, et en plus, si ça se trouve, on aurait un gros cerveau justement parce que nos ancêtres ont consommé des produits animaux.
Réponses :
1) Je cite un paragraphe dont je n’arrive pas à retrouver la source (merci de me l’indiquer si vous la reconnaissez) : « L’être humain descend d’une race de singes qui était fruitivore (qui mange des fruits et des noix), il en a conservé la denture ainsi que l’estomac. Le carnivore a un système digestif très court afin de faire parcourir le moins de chemin possible à la nourriture, car la viande fermente très rapidement dans l’estomac. Le ruminant quant à lui a un système digestif beaucoup plus long que les êtres humains, ce qui lui permet de tirer le maximum possible de nutriments des végétaux qu’il absorbe. Nous sommes omnivores non pas parce que nous devons manger tous les types d’aliments (animaux et végétaux), mais parce que nous le pouvons, suite à notre système digestif qui est pour ainsi dire entre les deux. » Pour être plus clair, on pourrait donc dire que l’Homme est adaptivore. « Cela veut dire que nous pouvons survivre dans beaucoup de situations alimentaires. Y compris l’absence de viande. »
2) Le panda a le système digestif d’un carnivore, et apparemment pas la flore digestive d’un herbivore. Pourtant il se nourrit quasi exclusivement de bambous et il est en bonne santé, du haut de sa centaine de kilos. Pourquoi se force-t-il à être quasi végétalien ? Tout simplement peut-être parce qu’il ne sent pas le goût umami, celui des protéines… Conclusion : la comparaison des systèmes digestifs ne permet pas de prédire à coup sûr quel régime alimentaire nous permettra d’être en bonne santé. Alors je propose de laisser tomber ces arguments physiologiques, pour moi ce ne sont ni des arguments pour ni des contre !
3) Au sujet de la « tissue expensive hypothesis » qui justifierait que le cerveau de nos ancêtres s’est beaucoup développé parce qu’ils ont commencé à manger des produits animaux, on ne peut pas être très affirmatif. Mais au cas où, supposons que ce soit vrai. On constate alors deux choses. D’une part, avec notre cerveau actuel, le végétalisme ne cause pas de problème à l’échelle de quelques générations (il y a des familles végétaliennes, et les enfants ne sont pas moins intelligents que leurs camarades). D’autre part, ceux qui ont un cerveau très efficace (QI élevé) ont plutôt tendance à devenir végétariens (étude originale ici, à noter qu’on ne sait pas pourquoi les plus intelligents ont plus tendance à devenir végétariens : pour des raisons de santé, d’éthique, ou par non conformisme ?).
4 – Parce qu’il faut réguler les populations d’animaux prédateurs sauvages
Problème : Certains animaux sauvages causent des dégâts (loups sur les moutons, sangliers sur les cultures et les clôtures) dans les régions où on les laisse proliférer.
Réponse :
1) Sans l’Homme, les populations animales s’autorégulent, de manière très fine et probablement trop complexe pour notre compréhension actuelle. Il y a un problème actuellement car depuis quelques siècles, et de plus en plus, l’Homme fait sa propre régulation, en fonction de ses envies (élever des moutons dans la montagne, s’implanter près de l’habitat des sangliers, etc). Le monde actuel a donc tellement été modifié par nos soins que ce n’est plus un monde naturel capable de s’auto-réguler.
2) Pour tenter de préserver l’équilibre naturel, la biodiversité et ses maisons, l’Homme est donc contraint de chasser dans les milieux qu’il a colonisés (ou alors de s’en aller complètement de cette zone afin de laisser la nature se réguler à nouveau). Il est évident que cette chasse devrait alors être conduite par des professionnels dont c’est le métier, par exemple un garde-champêtre (il faudra alors les former de manière adéquate pour cette nouvelle tâche) – à l’heure actuelle, ce sont les associations de chasseurs qui s’occupent de cette régulation. Je ne vois rien à redire au fait qu’ils mangent le gibier tué par nécessité de régulation. Cependant, on ne peut pas compter sur le butin de cette chasse régulatrice pour nourrir la population (les prises ne seraient pas assez nombreuses).
5 – Parce que j’aime la viande
Problème : ceci et donc cela.
Réponse : ici. En tant qu’humain, on a la capacité de refouler certaines de nos pulsions. Ainsi, personne ne va courir embrasser une inconnue sexy dans la rue, ou voler le portable flambant neuf de son voisin dans le train. Être humain c’est penser, mettre en balance ses pulsions et son éducation. On peut adorer la viande, les oeufs, le lait, le miel et le fromage (c’est mon cas) ET mettre en balance son plaisir avec les conséquences… et donc ajuster sa fréquence de consommation pour que le plaisir soit maximal et les conséquences minimales. Attention, je n’ai pas dit d’arrêter totalement de consommer des produits d’origine animale ! Mon avis est qu’il faut les consommer seulement quand ils nous apportent un plaisir irremplaçable (et non pas parce que la recette standard de quiche demande 200g de fromage râpé sans aucun goût et 100g de lardons qui ont juste le goût du gras, du sel et éventuellement de la fumée).
6 – Parce que j’en fais suffisamment pour la protection de l’environnement
Problème : Je viens de me faire construire une maison très bien isolée, je mange les légumes de mon potager et les fruits de mon verger, je ne mange pas de banane et ne bois pas de jus d’oranges de Floride, je me déplace uniquement à bicyclette ou en transports en commun, je trie mes déchets et j’ai des toilettes sèches, je fais mes propres vêtements à partir de tissu fabriqué dans ma région et je ne porte pas de chaussures ni de veste ou de sac en cuir car leur fabrication est extrêmement polluante.
Réponse : Bravo !!! Néanmoins l’ONU considère que les deux paramètres les plus préoccupants pour la durabilité de la planète sont la production d’énergie ET la consommation de produits animaux. Pourquoi ne pas essayer le lundi végétarien ?
7 – Parce que si je deviens végétarien ça va mettre des éleveurs au chômage
Réponse : On a déjà vu ici que les éleveurs sont déjà dans une situation de précarité maximale qui ne tient que grâce aux subventions européennes (la PAC). Or celles-ci devraient être supprimées dans lors de la prochaine réforme de la PAC. Le chômage des éleveurs est donc une question majeure, dans laquelle le végétarisme a une influence négligeable.
8 – Parce que si je suis le seul à changer ça ne changera pas le monde
Problème : Moi je vais me priver et ça ne servira à rien !
Réponses :
1) Ma tranquillité d’esprit : Avoir réfléchi sur mon alimentation et vivre en accord avec ma décision m’apporte une sérénité appréciable, quelle que soit la décision (elle doit évidemment être en accord avec vos désirs profonds, pas question de devenir un ascète malheureux). Je conseille aux incrédules de s’informer sur le concept de dissonance cognitive.
2) L’effet boule de neige : En ce qui me concerne, je suis végétarienne depuis moins d’un an et, rien qu’en cuisinant végé quand mes amis omnivores viennent dîner, j’ai convaincu plus que 10 personnes qu’on peut se régaler en mangeant végé. Ces personnes sont maintenant ravies de tester un resto végé ou de connaître ma recette de lasagnes sans viande ni fromage.
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons sérieuses officieuses
Voici les raisons qu’on n’ose pas souvent avouer mais qui sont extrêmement importantes justement parce qu’on y obéit sans réfléchir. Alors c’est parti pour une réflexion, et ensuite libre à vous de continuer à y obéir !
1 – Parce que les campagnes publicitaires me disent que manger de la viande est bon pour moi, pour la société et pour la nature
Réponse : Les campagnes publicitaires qui disent ça sont payées par des professionnels pour augmenter les ventes de leurs produits, pas par des ONG pour informer les citoyens.
2 – Parce que le système ne me force pas à changer et que moi je n’ai pas le temps/l’envie d’y réfléchir
Problème : Si on y réfléchit honnêtement, la plupart d’entre nous, à l’heure actuelle, préfèrerait sans doute être végétarien plutôt que de tuer et dépecer soi-même la viande qu’il mange ou considérer froidement l’origine de certains plats traditionnels. Alors pourquoi y a-t-il encore si peu de végétariens en France ?
Réponse : Parce que nous, humains, avons tous une énorme aversion au changement. Pourquoi tous ? A cause de la sélection naturelle. Nos ancêtres trop curieux sont sans doute morts attaqués par la bête qu’ils observaient de près ou par les fruits nouveaux qu’ils ont goûtés. De même, ceux qui ne suivaient pas le groupe, même si ce groupe faisait des choses qui les répugnaient, ceux-ci sont sans doute morts de leur isolement.
3 – Parce que je ne veux pas gêner ma famille ou mes amis
Problème : Ils considèrent comme un honneur de proposer une dinde farcie pour Noël, et de toute manière ils ne savent pas cuisiner végé. Et refuser de manger de la viande c’est comme renier tout un pan de ce qu’ils m’ont transmis.
Réponses :
1) Ils savent peut-être cuisiner végé mais ils n’y pensent pas ou s’y refusent car offrir un repas sans viande apparait comme peu généreux pour ses invités. Pourtant de nombreux plats traditionnels français délicieux sont végétariens (salade de mâche à la truffe, ratatouille, soupe à l’oignon, tomates à la provençale, crème de lentilles vertes, pomme au four, pain d’épices, etc). Les informer que vous ne tenez pas à la viande les soulagerait peut-être (on ne sait jamais).
2) Proposez des idées d’aliments et de plats faciles à cuisiner et que vous aimez (pâtes en sauce, etc). Mieux : cuisinez avec eux, c’est encore plus sympa de préparer à manger à plusieurs.
3) Si le plat contient de la viande, accordez-vous avec la maitresse (le maître) de maison pour qu’elle (il) ne vous en serve pas, ou avec votre voisin pour qu’il mange votre viande. Et si c’est vraiment important pour la grand-mère-qui-a-connu-la-guerre-et-passé-la-journée-à-cuisiner-la-dinde-farcie, et que vous vous en sentez le désir/le courage, mangez une bouchée de sa dinde. Vous reparlerez végétarisme plus tard, en tête à tête avec elle, dans un moment plus calme (il est très déconseillé de parler végétarisme avec une personne qui est en train de manger de la viande). Vos proches vous aiment, ce qu’ils craignent vraiment c’est que vous deveniez malheureux, en mauvaise santé, que vous vous isoliez. Montrez-leur que tout va bien, que vous n’êtes pas sectaire, que vous pouvez en parler avec ouverture, et soyez très progressif dans vos changements. Le végétarisme n’aura alors aucune raison de les choquer. Ils s’y habitueront comme ils s’habituent à vos choix de vie (métier, compagnon de vie, etc).
Pour ces raisons, il est absolument normal que vous soyez réticents si vous entendez parler d’un mode de vie inconnu. C’est un réflexe, quelque chose dont vous ne pouvez pas vous empêcher. Maintenant que vous savez ceci, vous pouvez conclure deux choses :
- Si une personne (végétalienne ou tout autre déviance ;-)) vous parle de son choix de vie différent du vôtre, soit il a un ton agressif (alors vous avez ma bénédiction pour l’insulter), soit il a un ton calme et posé. Dans ce dernier cas, laissez tomber les préjugés et profitez de la discussion, cette personne a peut-être quelques bonnes idées à prendre (et d’autres à laisser, comme tout humain). Et puis on peut argumenter dans le calme, même si c’est pour conclure qu’on n’est pas d’accord ;-).
- Prenez le temps de vous habituer à toute idée nouvelle, de peser le pour et le contre, de faire de petits essais. Ce n’est pas la peine de vous obliger à changer tout votre mode de vie dans la minute. Y réfléchir est déjà énorme, puisque la majorité de nos idées et comportements nous ont été dictés depuis l’enfance sans qu’on ait le temps ou le droit de les remettre en question. Voyez votre propre situation, quelles sont vos contraintes, qu’est-ce qui est important pour vous, pour votre bonne conscience, pour votre bonheur. Ensuite, choisissez. Quel que soit votre choix, ce sera le bon choix pour votre situation. Parce que vous l’aurez fait avec lucidité, en considérant tous les arguments. Et vous verrez, choisir une bonne fois pour toutes, et accorder son comportement avec ses désirs profonds, ça apaise énormément (et pas que les tarés intellectuels comme moi).
Recette de rouleaux de printemps
Vous connaissez mon leitmotiv : éliminer sans état d’âme les produits animaux dans tous les plats où ils n’apportent pas une saveur ou une texture irremplaçable. Et à votre avis, est-ce que la demi-crevette des rouleaux de printemps est irremplaçable pour que le plat reste délicieux ? Non, je ne pense pas… Alors voici ma version des rouleaux de printemps – n’hésitez pas à substituer tout ingrédient qui ne figure pas dans vos placards : l’essentiel est d’avoir des textures variées (moelleuse, croquante, croustillante) et une herbe fraîche pour parfumer.
Ingrédients
– Feuilles de riz (comme pour les pâtes, le paquet entamé se conserve longtemps dans un placard)
– Menthe fraîche
– Cacahuètes grillées salées (ou autre graine oléagineuse, amande par exemple, torréfiée dans une poêle avec un peu de sauce soja)
– Tofu fumé (ou autre substitut de viande, tempeh fumé ou seitan par exemple)
– Spaghetti de riz cuit (ou spaghetti de blé)
– Garniture croquante : salade, champignons crus, graines germées, etc…
– Sauce éventuelle : sauce soja pour moi

Exemple d’ingrédients pour rouleaux de printemps. A gauche, les feuilles de riz s’humidifient dans les plis d’un torchon mouillé.
Préparation
– Mouiller un ou plusieurs torchon(s). Déposer une feuille de riz dans un coin du torchon et le replier pour recouvrir la feuille. Recommencer avec d’autres feuilles de riz, afin que chacune soit isolée dans du torchon humide.
– Laisser les feuilles de riz s’humidifier et préparer les autres ingrédients : faire cuire les spaghetti selon les instructions du paquet, émincer les autres ingrédients de la garniture.
– Sur une assiette ou une planche à découper, déposer une feuille de riz humidifiée (elle doit être bien molle), garnir d’ingrédients un peu comme sur la photo ci-dessous (en mettant moins d’ingrédients sinon c’est dur à replier), rabattre deux bouts de feuille de riz sur la garniture (sur la photo, les deux bouts qui dépassent de la planche) puis replier un autre bout (sur la photo, celui du bas) et rouler. Le rouleau doit tenir roulé grâce à la feuille de riz qui colle sur elle-même.

Feuille de riz garnie prête à être roulée. N’hésitez pas à mettre moins d’ingrédients que moi, sinon ça donne un gros rouleau plein à craquer !
– Dégustez aussitôt ou conservez au frais, dans une boîte hermétique afin de conserver le moelleux de la feuille de riz (si la feuille de riz a séché et durci, enveloppez le rouleau dans un torchon humide pendant quelques minutes).
– J’aime tremper le rouleau dans un peu de sauce soja. Si vous avez peur de faire tomber la garniture du rouleau dans la coupelle de sauce, vous pouvez verser quelques gouttes de sauce directement dans le rouleau.
Bonne semaine !
et l’argument économique???? tout ces éleveurs et cultivateurs de céréales et proteagineux destinés au bétail…que vont-ils faire de leurs journées, hein, si nous sommes tous végé????
là ils sont comptabilisés en » travailleurs » même si leurs revenus sont très majoritairement d’origine subventionnelle ( voir ton excellent article)
et sont donc des fonctionnaires masqués……si ils arrêtent de faire ce travail….
et les végé ayant besoin de 6 fois moins de surface pour ce nourrir, cet arrêt est inévitable. Ce sera autant plus de chômeurs ( qui couteront moins cher à l’état qui ne devra alors plus payer que leurs ( faibles) revenus….
Mais qui augmenteront les stats du chômage, donc mauvais pour le président en place qui ne se fera pas réélire……
Ce que le président fera tout pour éviter…..
Ah oui j’ai oublié cet argument ! Je vais l’ajouter. Merci beaucoup !
PS: je peux m’inscrire dans le groupe des tarés intellectuels ou il y a un quota??
Bienvenue au club ! 🙂
Merci pour ces perles de bonnes idées, tu as par contre oublié le cri de la carotte, hein qu’en fais-tu du cri de la carotte?
Je réflechis à d’autres arguments possibles, je vous préviens si je tombe sur une idée…
PS : Mieux que Tefal, Mamapasta tu penses à tout!
Ok, je vais l’ajouter. Parce que les carottes sont nos amies !
Très bon article comme d’habitude.
MOi qui suis maintenant végétarienne depuis 8 mois, je dirai que le vrai frein qui a retardé ma décision, c’est le point 3 des raisons officieuses : la famille…. sérieusement, même si je ne regrette en aucun cas d’être devenue végé (au contraire !) c’est vraiment difficile à vivre au quotidien. IL faut avoir la foi bien accrochée pour supporter les réflexions perpétuelles, l’impression de faire suer tout le monde, l’incompréhension, les « vraiment, tu ne veux pas gouter un peu du ragout ? mais tu adores ça ! », et les « quoi, même pas du poisson ? mais je l’ai préparé exprès pour toi » pour la 12e fois du mois.
Oui, je pense que les raisons sérieuses officieuses sont celles qui sont les plus importantes, parce qu’elles remettent en question ce que font nos proches et la société actuelle dans son ensemble. Ca les perturbe, et ils nous le montrent bien…
Heureusement avec internet on peut rencontrer d’autres végétariens qui vivent les mêmes choses, et en rigoler ensemble !
En tout cas, bravo pour ta persévérance ! Tu verras que tes proches s’habitueront petit à petit à ce changement. Moi ça fait tout juste 1 an et je trouve que leurs réactions s’améliorent, surtout quand je leur fais goûter mes desserts végétaliens ^^.
Excellent article, comme je m’y attendais. C’est tellement vrai.
J’aime beaucoup ta conclusion aussi (argumenter dans le calme, choix qui considère tous les arguments).
Je me rends compte que j’ai vraiment de la chance que ma famille et mes proches soient aussi végés. Je suis pas obligée de me bagarrer tous les jours et de ressasser ces arguments. Par contre, grâce à ton article, je vais savoir quoi répondre de façon complète à TOUS les arguments des omnis, merci! Je ne manquerai pas de le faire tourner 😉
Merci beaucoup ! J’espérais faire une version actualisée du guide de réponse écrit par Hooly, un article qui recense toutes les meilleures réponses aux questions « anti-végé ». Donc je suis contente si tu le trouves complet – surtout n’hésite pas à me signaler des erreurs ou des manques, pour que je l’améliore encore :-).
En tout cas, ce que cet article m’inspire c’est qu’on demande systématiquement aux végéta*iens les raisons de leur choix et on leur pose 36 questions qui deviennent assomantes puisque les mêmes interrogations reviennent à longueur de temps et sont fréquemment posées de façon relativement agressive (c’est pour cette raison que l’on peut être fatigués d’y répondre).
Pourtant j’estime que ça serait plutôt à ceux qui mangent des animaux de justifier leurs actes. En effet, on ne demande jamais à quelqu’un pourquoi il n’a pas tué un autre être humain, non, on ne demande ça qu’aux gens ayant comis ce crime de prendre la vie… mais au sujet des animaux la tendance est inversée, pas très logique.
J’ai bien conscience que nous sommes une minorité et que cela attire les curieux, mais notre différence se situe principalement dans le fait que nous avons consciemment décidé d’aller contre notre éducation et certains usages de la société pour une raison claire : le bien d’autres êtres. Alors pourquoi nous en justifier à longueur de temps comme si nous étions coupables d’un affreux délit?
Et j’avais oublié de dire que les rouleaux de printemps c’est facile à faire (si on résiste à la tentation d’essaier de faire rentrer 2kg de nourriture dans une petite crêpe de riz…) et super bon, bonne idée!
Effectivement on a l’impression d’être au pays des fous quand on doit se justifier de bien agir devant des personnes qui trouvent évident le fait de mal agir… Je prends mon mal en patience en me disant que le vent tournera, et qu’un jour le monde sera comme ça : http://insolente0veggie.over-blog.com/article-23408202.html
Pour les rouleaux de printemps, c’est vrai qu’on veut toujours mettre trop de garniture… C’est la gourmandise ça ^^. Et j’aime aussi beaucoup ta version plus colorée : http://pigut.mintyway.com/2010/05/29/rouleaux-de-printemps-crudites/ et celle toute sucrée http://pigut.mintyway.com/2010/04/23/rouleaux-de-printemps-aux-fruits/
Tu as pensé à tout! impeccable!
On en a vite ras le bol de se justifier! Mais je puise ici des nouvelles façons d’expliquer mon végétarisme. Les « critiqueux » n’ont qu’à bien se tenir!
Merci!
Hell’O !!
J’aime beaucoup cet endroit même si j’y viens peu en ce moment 😉
Cette article est super bien fait !!! et le seitan c’est la vieeeeeeeeeeeeee lol
Oui je suis comme miss Pigut faut pas oublier le cri de la carotte ahahahaha !!
et pour le reste aussi je vois pas pourquoi faut sans cesse se justifier sur notre façon de manger ! je vis avec 0 vg autour de moi autant dire que je remercie le net hein… je me sens un peu seule parfois…
bien le bonsoir !!
C’est clair qu’internet est un soutien énorme, pour s’apercevoir qu’il est normal de se sentir anormal parfois, pour trouver des idées et astuces qui améliorent le quotidien… Sans internet et ce blog je ne serais probablement jamais devenue végétarienne.
Merci pour ta visite !
J’avais fait un article dans ce sens l’année dernière et c’était sympa. Je suis viande, mais avec modération. Je concois qu’on n’aime pas et je le respecte. Et puis une petite recette qui avec, alors là, on craque en même temps. Le choix est croquant, mais juste un peu attention à la cacahuète. Bon week*end !
Moi aussi j’aime la viande, mais je l’ai éliminée progressivement et finalement ça ne me manque pas ! Je regrette juste le poisson grillé et le fois gras… mais j’ai découvert tellement de plats encore meilleurs que je n’ai pas souvent le temps de les regretter :-).
Pour la cacahuète effectivement j’en consomme peu. Est-ce que tu y fais attention pour éviter les allergies ?
Pour les recettes, il y en a une en bas de chaque article, pour se récompenser de l’avoir lu ^^.
La petite bouteille est adorable je trouve, elle fait tout son effet !
Merci ! C’est une bouteille récupérée sur un plateau de maki à emporter, mais on peut aussi en acheter sur ebay :).
Excellent article et tellement vrai.
La recette a l’air simple et délicieuse.
Merci encore!
N’hésite pas à alimenter cet article si tes amis trouvent des raisons qui ne sont pas listées ici ;-).
Bonsoir,
je tiens à te remercier et à te féliciter sincèrement pour ton blog que je découvre aujourd’hui (je voulais t’écrire tout cela par mail, mais je n’ai pas trouvé comment te joindre, j’ai dû mal chercher).
Du temps pour réaliser des dossiers rigoureux scientifiquement (j’insiste, je suis biologiste de formation) sur des sujets qui me tiennent à coeur (le végétarisme bien entendu, l’agriculture bio aussi), c’est bien cela qui me manque. J’admire donc ta démarche.
Comme l’ont soulevé certain(e)s, à certaines questions, l’on est parfois las(se) de répondre… je redirigerai donc les personnes intéressées/curieuses/sceptiques vers ton blog, désormais.
J’ai bien aimé ta façon d’aborder la raison « familiale »… tout est dit, et je vois bien, au quotidien, comme cet aspect de la question pèse sur la démarche de devenir végétarien. Pour caricaturer, plus on remonte dans les générations, plus c’est compliqué… Nos grands parents sont-ils plus attachés à la viande que leurs descendants (à cause de la guerre on l' »on manquait de tout »), ou devient-on simplement de plus en plus hermétique au changement en vieillissant ? Pour certaines grandes questions, (on le voit pour le changement climatique, certains sont dans le déni sans même tenter de comprendre…), je pense que le turnover générationnel va beaucoup aider. Attention, je n’ai rien contre les vieux… Il faut dire que je suis gâtée, mon grand-père, végétarien, est professeur d’aïkido et donne encore plusieurs cours par semaine, à 80 ans ! Cet exemple servira de conclusion à mon long commentaire ! 😉
Merci encore et à bientôt,
BiÔna.
Merci BiÔna !! Mon adresse électronique n’est pas disponible sur le site pour le moment, mais je te réponds par mail aujourd’hui !
Et ton grand-père a l’air génial :-).
Cet article m’a fait tout de même sourire, bien que maintenant cataloguée pur OD…
Je ne trouve pas ma raison sérieuse non plus dedans, mais les végétariens doivent en avoir marre de ce genre de réponses…
Chouette un nouvel argument ! Quel est-il ?
Au fait, qu’est qu’un pur OD ? « Omnivore’s Dilemna » ?
Je trouve vraiment ton blog formidable, bien rédigé, un contenu plus qu’intéressant et captivant, intelligent, bref, je l’aime à la folie.
J’aime les pandas, c’est un animal fascinant pour moi!
Et j’ai lu dans un bouquin où il y avait un passage sur les personnes ayant un QI élevé qu’elles choisissaient plus souvent le végétarisme que les personnes au QI moyen, ça m’avait fait tilt à l’époque, puisque j’ai découvert après que mon QI est effectivement à 2 écarts type de la moyenne.
Et puis j’adore les rouleaux de printemps, en bonne asiatique lol.
Whahou, un grand merci pour cet article… Je considère depuis un moment déjà l’idée de devenir végétarienne.. Et puis l’autre jour en faisant mes courses, j’ai quand même acheté du poulet. J’en ai mangé hier, et je me rends compte que du coup je me sens coupable. C’est débile, mais savoir que je mangeais un animal mort par « habitude » alors qu’au final j’aurais pu me faire un oeuf sur le plat à la place, ou la même recette au tofu ou au seitan, ça a gâché tout mon plaisir. Mais j’ai de la viande dans mon congèl, je n’ose pas jeter…
Pour, tes raisons « officieuses », ce sont exactment ce qui me retient !
Du coup je réalise d’un coup que je cherchais d’avantage des excuses par peur du changement, des carences, parce que c’est compliqué au début… Mais tu as raison, autant y aller par étape ! Allez, je n’achète plus de viande du tout…