Ce blog entend donner les vrais arguments pour résoudre des questions qui touchent de près ou de loin au végétarisme. Après une série qui a décortiqué les principales raisons pour lesquelles quelqu’un peut choisir d’être végétarien, voici un article qui analyse les raisons pour lesquelles quelqu’un peut choisir de rester omnivore. Si votre raison n’est pas dans cette liste, signalez-la moi et je l’inclurai. J’ai classé ces raisons en 3 catégories : les raisons « pour de rire », les raisons sérieuses officielles et les raisons sérieuses officieuses.
Cet article est donc une base de réflexion pour tout le monde, et j’espère qu’il servira de guide de conversation pour les végétariens. N’hésitez pas à utiliser les commentaires pour hurler expliquer si certains paragraphes vous choquent/déplaisent/font rigoler. Comme d’habitude, vous avez le pouvoir de faire modifier les articles de ce blog, le but est qu’il ne contienne que des informations solides et complètes !
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons « pour de rire »
Voici les raisons qui sont spontanément citées lors d’une discussion sur le végétarisme, qui sont frappantes, mais qui ne résistent pas à 5 minutes de réflexion (à moins que les participants ne soient complètement ivres).
1 – Parce que je ne veux pas manger que de l’herbe
Réponse : Voici deux démonstrations pour montrer que les végétariens ne mangent pas que de l’herbe : une vidéo (vous pouvez cliquer, c’est Kaamelott) et un test en images. Donc les végétariens ne se nourrissent pas que de salade et de brocolis, même si Garfield vous adorerait pour ça !
2 – Parce que les animaux sont là pour nous nourrir
Cette raison est merveilleusement expliquée ici et la réponse vient d’elle-même. Je n’ai rien à ajouter – sinon que le blog Insolente Veggie est un régal de mauvaise fois végétalienne mise en bande-dessinées, avec un humour et une justesse diaboliques, un peu comme Tignous dont je vous avait parlé ici.
3 – Parce que c’est pas écolo de manger du soja
Problème : Dans mon village les vaches ne mangent que de l’herbe et les poulets que du grain.
Réponses :
1) C’est génial, quelle chance de pouvoir en bénéficier ! Il suffit donc de ne manger QUE ces animaux nourris et traités correctement. Donc de manger végétalien à la cantine, au resto, chez les amis, etc.
2) On a vu ici que satisfaire ses besoins protéiques par un produit dérivé du soja pollue énormément moins que la viande. Cependant, le tofu (graines de soja cuites, mixées, filtrées, caillées puis emballées et conservées au froid ou stérilisées) pollue plus que des aliments plus bruts comme les légumineuses vendues sèches puis cuites à la maison. Donc n’hésitez pas à satisfaire vos besoins de protéines et de fer avec des lentilles corail, des pois chiches, des haricots secs, des fèves, etc.
4 – Parce que je veux manger avec les autres à la cantine
Problème : en France il arrive parfois ceci.
Réponses :
1) En début d’année, demandez au (à la) responsable de la cantine si vous pouvez avoir un plat végétarien (quitte à dire que c’est pour des raisons de santé ?).
2) Si ce n’est pas possible, vous pouvez certainement demander lors du service une assiette avec seulement les accompagnements – en général ça vous donne le droit à une entrée supplémentaire. Et pour l’équilibre alimentaire, il suffit de manger plus de protéines le soir ou d’apporter une petite salade de pois chiches dans une mini boîte le midi.
3) En complément, signez et faites diffuser la pétition de l’AVF qui demande que des menus végétariens soient proposés en restauration collective. Les usagers des écoles et collectivités qui s’y sont mises un jour par semaine sont très contents, et ça permettra à terme de diminuer le coût d’un ticket de cantine, ou de manger bio sans l’augmenter !
5 – Parce qu’un jour j’ai croisé un végétarien stupide/sectaire/moche (rayer les mentions inutiles)
Problème : ceci.
Réponse : Il y a des cons gens détestables partout, chez les végé comme chez les autres… Vous êtes grands maintenant, vous devez savoir séparer l’idée et le messager. Ou alors il faudra que tous les végés soient comme ça.
6 – Parce qu’il faut manger de la viande pour être grand, fort et musclé
Problème : ceci.
Réponse : Il suffit de faire de l’exercice physique et de manger suffisamment de protéines, comme Robert Cheeke, bodybuilder végan, et Rich Roll, triathlète végan.
7 – Parce que je ne veux pas devenir pétomane
Réponse : Aucun souci si vous laissez tremper les légumineuses (une nuit pour les pois-chiches secs et les haricots secs, 2h pour les lentilles sèches, pas besoin pour les lentilles corail et les pois cassés) puis que vous les rincez soigneusement et que vous les faites cuire dans une eau additionnée de bicarbonate ou de wakame. Et pour être sûr de ne pas avoir de souci, modifiez votre alimentation de manière progressive.
8 – Parce que si on arrête la viande, il faudrait aussi arrêter les carottes
Problème : Ceux qui ne consomment pas de viande ni de produits laitiers pour éviter la souffrance des animaux devraient aussi arrêter de consommer des carottes, qui sont aussi des êtres vivants.
Réponse : on a vu ici un paragraphe spécialement dédié à cette question. Les carottes ne ressentent pas la douleur de la même manière que les animaux.
9 – Parce qu’on m’interdit déjà assez de choses
Problème : On nous dit déjà qu’il ne faut pas boire, pas fumer, pas faire de blagues politiquement incorrectes… Alors maintenant il ne faut pas manger de viande ?! Là c’est trop !
Réponse : Le végétarisme n’est pas que le refus de certains aliments, c’est une opportunité de découvrir des centaines de nouveaux plats délicieux (et plus faciles à préparer, et moins chers).
10 – Parce que je ne veux pas entrer dans une secte extrémiste et irréaliste
Problème : ici.
Réponse : voir la question 5 ci-dessus. Et j’en profite ici pour mépriser personnellement les gens qui disent respecter complètement le végétarisme s’il est dû à une religion, mais pas du tout s’il est lié à une réflexion personnelle.
Et pour finir ce chapitre, 10 idées classiques sur les végétariens, racontées avec humour. Et pour ceux qui lisent l’anglais, un « carton plein » des arguments « pour de rire » contre le végétarisme.
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons sérieuses officielles
Voici les raisons importantes qui rendent toute personne normale réticente a priori vis à vis du végétarisme. J’essaye donc d’y apporter une réponse construite. N’hésitez pas à les commenter afin que je les perfectionne et qu’elles soient solides (ou qu’on sache tous qu’elles ne le sont pas ^^).
1 – Parce que j’ai peur d’avoir des carences
Problème : La viande apporte un certain nombre de nutriments importants : protéines contenant tous les acides-aminés essentiels, vitamine B12, fer (enfin, pas tant que ça pour le fer). Les végétariens qui ne remplacent pas la viande peuvent donc en manquer, s’il ne respectent pas ces conseils simples ou ceux-là. Notons cependant que les végétariens sont actuellement en meilleure santé que les omnivores, alors que rien, en France, ne les aide à manger équilibré (quasiment aucun resto ou cantine ne propose des légumineuses). Ce paradoxe s’explique parce que la majorité des végétariens, suite aux inquiétudes des leurs proches sur les risques de carences, ont pris quelques heures de leur temps pour s’informer sur la manière d’équilibrer un repas. Combien d’omnivores ont un jour vérifié que leur alimentation est équilibrée ? (Pas moi quand je l’étais !)
Réponse : Faire des analyses sanguines régulières en s’adressant à un professionnel de santé qui connait les avantages et les risques de l’alimentation végétarienne (évitez ceux qui n’y connaissent rien et sont persuadés, à tort, qu’être végétarien en bonne santé est impossible). Voici une liste de professionnels de santé favorables à une alimentation majoritairement végétale, ils ont l’air sérieux et disponibles : « Les personnes souhaitant contacter un professionnel de santé peuvent nous envoyer un message en précisant leur besoin et leur région, et nous les orienterons vers le ou les professionnels correspondants ». Vous pouvez aussi contacter des diététiciens/nutritionnistes recommandés par l’AVF ou ceux dont le site internet est bien fait, comme Séverine Sénéchal et Véronique du site Dietimiam. Sur ces deux sites, on peut avoir une consultation diététique par internet, ce qui me semble très pratique pour une première fois. Je vais bientôt tester et je vous en reparlerai – elle a l’air de faire un super boulot, en prenant en compte les contraintes/désirs du patient. A mon avis, il ne faut pas hésiter à prendre rendez-vous pour un bilan avant chaque grand changement de la vie : transition vers le végétarisme, grossesse, enfance, grand âge, début d’une intense activité sportive, etc. Ceci qu’on soit végétarien ou omnivore.
2 – Parce qu’on a toujours mangé de la viande
Réponses :
1) Le respect des traditions n’est pas, à lui seul, un argument sérieux. D’une part parce qu’il engendre des dérives (avant on avait le droit d’avoir des esclaves, de tuer des hommes à cause de leur couleur de peau, les femmes n’avaient pas le droit de vote, etc). D’autre part parce que notre mode de vie n’a plus grand chose de traditionnel : voiture, avion, eau courante chauffée… Qui voudrait s’en passer afin de respecter les traditions ?
2) En 1950, on mangeait 120g de viande par jour, à l’heure actuelle on en mange plus de 200g par jour (sans compter le poisson et les fruits de mer). Il serait effectivement très utile (pour la santé, l’environnement, le prix, etc) que chacun revienne à cette consommation traditionnelle. Et que surtout on consomme à nouveau majoritairement de la viande de bonne qualité (provenant de bétail élevé en plein air et nourri d’aliments qui lui conviennent), comme c’était la norme du temps de nos grands-parents. Et les éleveurs sont d’accord (voir les commentaires de Jacques C à la fin de cet article).
3) Avant, on vivait dans un monde où on mangeait ce qu’on avait, quand on pouvait. A l’heure actuelle, nous occidentaux vivons dans un monde marqué par la surabondance d’aliments. On peut donc choisir de manger ce qui nous plait, et choisir de consommer quelques compléments alimentaires adaptés pour être en parfaite santé (à voir avec votre médecin, grâce à des analyses de sang régulières).
3 – Parce que l’homme est fait pour manger de la viande
Problème : L’appareil digestif humain est celui d’un omnivore, et en plus, si ça se trouve, on aurait un gros cerveau justement parce que nos ancêtres ont consommé des produits animaux.
Réponses :
1) Je cite un paragraphe dont je n’arrive pas à retrouver la source (merci de me l’indiquer si vous la reconnaissez) : « L’être humain descend d’une race de singes qui était fruitivore (qui mange des fruits et des noix), il en a conservé la denture ainsi que l’estomac. Le carnivore a un système digestif très court afin de faire parcourir le moins de chemin possible à la nourriture, car la viande fermente très rapidement dans l’estomac. Le ruminant quant à lui a un système digestif beaucoup plus long que les êtres humains, ce qui lui permet de tirer le maximum possible de nutriments des végétaux qu’il absorbe. Nous sommes omnivores non pas parce que nous devons manger tous les types d’aliments (animaux et végétaux), mais parce que nous le pouvons, suite à notre système digestif qui est pour ainsi dire entre les deux. » Pour être plus clair, on pourrait donc dire que l’Homme est adaptivore. « Cela veut dire que nous pouvons survivre dans beaucoup de situations alimentaires. Y compris l’absence de viande. »
2) Le panda a le système digestif d’un carnivore, et apparemment pas la flore digestive d’un herbivore. Pourtant il se nourrit quasi exclusivement de bambous et il est en bonne santé, du haut de sa centaine de kilos. Pourquoi se force-t-il à être quasi végétalien ? Tout simplement peut-être parce qu’il ne sent pas le goût umami, celui des protéines… Conclusion : la comparaison des systèmes digestifs ne permet pas de prédire à coup sûr quel régime alimentaire nous permettra d’être en bonne santé. Alors je propose de laisser tomber ces arguments physiologiques, pour moi ce ne sont ni des arguments pour ni des contre !
3) Au sujet de la « tissue expensive hypothesis » qui justifierait que le cerveau de nos ancêtres s’est beaucoup développé parce qu’ils ont commencé à manger des produits animaux, on ne peut pas être très affirmatif. Mais au cas où, supposons que ce soit vrai. On constate alors deux choses. D’une part, avec notre cerveau actuel, le végétalisme ne cause pas de problème à l’échelle de quelques générations (il y a des familles végétaliennes, et les enfants ne sont pas moins intelligents que leurs camarades). D’autre part, ceux qui ont un cerveau très efficace (QI élevé) ont plutôt tendance à devenir végétariens (étude originale ici, à noter qu’on ne sait pas pourquoi les plus intelligents ont plus tendance à devenir végétariens : pour des raisons de santé, d’éthique, ou par non conformisme ?).
4 – Parce qu’il faut réguler les populations d’animaux prédateurs sauvages
Problème : Certains animaux sauvages causent des dégâts (loups sur les moutons, sangliers sur les cultures et les clôtures) dans les régions où on les laisse proliférer.
Réponse :
1) Sans l’Homme, les populations animales s’autorégulent, de manière très fine et probablement trop complexe pour notre compréhension actuelle. Il y a un problème actuellement car depuis quelques siècles, et de plus en plus, l’Homme fait sa propre régulation, en fonction de ses envies (élever des moutons dans la montagne, s’implanter près de l’habitat des sangliers, etc). Le monde actuel a donc tellement été modifié par nos soins que ce n’est plus un monde naturel capable de s’auto-réguler.
2) Pour tenter de préserver l’équilibre naturel, la biodiversité et ses maisons, l’Homme est donc contraint de chasser dans les milieux qu’il a colonisés (ou alors de s’en aller complètement de cette zone afin de laisser la nature se réguler à nouveau). Il est évident que cette chasse devrait alors être conduite par des professionnels dont c’est le métier, par exemple un garde-champêtre (il faudra alors les former de manière adéquate pour cette nouvelle tâche) – à l’heure actuelle, ce sont les associations de chasseurs qui s’occupent de cette régulation. Je ne vois rien à redire au fait qu’ils mangent le gibier tué par nécessité de régulation. Cependant, on ne peut pas compter sur le butin de cette chasse régulatrice pour nourrir la population (les prises ne seraient pas assez nombreuses).
5 – Parce que j’aime la viande
Problème : ceci et donc cela.
Réponse : ici. En tant qu’humain, on a la capacité de refouler certaines de nos pulsions. Ainsi, personne ne va courir embrasser une inconnue sexy dans la rue, ou voler le portable flambant neuf de son voisin dans le train. Être humain c’est penser, mettre en balance ses pulsions et son éducation. On peut adorer la viande, les oeufs, le lait, le miel et le fromage (c’est mon cas) ET mettre en balance son plaisir avec les conséquences… et donc ajuster sa fréquence de consommation pour que le plaisir soit maximal et les conséquences minimales. Attention, je n’ai pas dit d’arrêter totalement de consommer des produits d’origine animale ! Mon avis est qu’il faut les consommer seulement quand ils nous apportent un plaisir irremplaçable (et non pas parce que la recette standard de quiche demande 200g de fromage râpé sans aucun goût et 100g de lardons qui ont juste le goût du gras, du sel et éventuellement de la fumée).
6 – Parce que j’en fais suffisamment pour la protection de l’environnement
Problème : Je viens de me faire construire une maison très bien isolée, je mange les légumes de mon potager et les fruits de mon verger, je ne mange pas de banane et ne bois pas de jus d’oranges de Floride, je me déplace uniquement à bicyclette ou en transports en commun, je trie mes déchets et j’ai des toilettes sèches, je fais mes propres vêtements à partir de tissu fabriqué dans ma région et je ne porte pas de chaussures ni de veste ou de sac en cuir car leur fabrication est extrêmement polluante.
Réponse : Bravo !!! Néanmoins l’ONU considère que les deux paramètres les plus préoccupants pour la durabilité de la planète sont la production d’énergie ET la consommation de produits animaux. Pourquoi ne pas essayer le lundi végétarien ?
7 – Parce que si je deviens végétarien ça va mettre des éleveurs au chômage
Réponse : On a déjà vu ici que les éleveurs sont déjà dans une situation de précarité maximale qui ne tient que grâce aux subventions européennes (la PAC). Or celles-ci devraient être supprimées dans lors de la prochaine réforme de la PAC. Le chômage des éleveurs est donc une question majeure, dans laquelle le végétarisme a une influence négligeable.
8 – Parce que si je suis le seul à changer ça ne changera pas le monde
Problème : Moi je vais me priver et ça ne servira à rien !
Réponses :
1) Ma tranquillité d’esprit : Avoir réfléchi sur mon alimentation et vivre en accord avec ma décision m’apporte une sérénité appréciable, quelle que soit la décision (elle doit évidemment être en accord avec vos désirs profonds, pas question de devenir un ascète malheureux). Je conseille aux incrédules de s’informer sur le concept de dissonance cognitive.
2) L’effet boule de neige : En ce qui me concerne, je suis végétarienne depuis moins d’un an et, rien qu’en cuisinant végé quand mes amis omnivores viennent dîner, j’ai convaincu plus que 10 personnes qu’on peut se régaler en mangeant végé. Ces personnes sont maintenant ravies de tester un resto végé ou de connaître ma recette de lasagnes sans viande ni fromage.
Pourquoi rester omnivore ? Les raisons sérieuses officieuses
Voici les raisons qu’on n’ose pas souvent avouer mais qui sont extrêmement importantes justement parce qu’on y obéit sans réfléchir. Alors c’est parti pour une réflexion, et ensuite libre à vous de continuer à y obéir !
1 – Parce que les campagnes publicitaires me disent que manger de la viande est bon pour moi, pour la société et pour la nature
Réponse : Les campagnes publicitaires qui disent ça sont payées par des professionnels pour augmenter les ventes de leurs produits, pas par des ONG pour informer les citoyens.
2 – Parce que le système ne me force pas à changer et que moi je n’ai pas le temps/l’envie d’y réfléchir
Problème : Si on y réfléchit honnêtement, la plupart d’entre nous, à l’heure actuelle, préfèrerait sans doute être végétarien plutôt que de tuer et dépecer soi-même la viande qu’il mange ou considérer froidement l’origine de certains plats traditionnels. Alors pourquoi y a-t-il encore si peu de végétariens en France ?
Réponse : Parce que nous, humains, avons tous une énorme aversion au changement. Pourquoi tous ? A cause de la sélection naturelle. Nos ancêtres trop curieux sont sans doute morts attaqués par la bête qu’ils observaient de près ou par les fruits nouveaux qu’ils ont goûtés. De même, ceux qui ne suivaient pas le groupe, même si ce groupe faisait des choses qui les répugnaient, ceux-ci sont sans doute morts de leur isolement.
3 – Parce que je ne veux pas gêner ma famille ou mes amis
Problème : Ils considèrent comme un honneur de proposer une dinde farcie pour Noël, et de toute manière ils ne savent pas cuisiner végé. Et refuser de manger de la viande c’est comme renier tout un pan de ce qu’ils m’ont transmis.
Réponses :
1) Ils savent peut-être cuisiner végé mais ils n’y pensent pas ou s’y refusent car offrir un repas sans viande apparait comme peu généreux pour ses invités. Pourtant de nombreux plats traditionnels français délicieux sont végétariens (salade de mâche à la truffe, ratatouille, soupe à l’oignon, tomates à la provençale, crème de lentilles vertes, pomme au four, pain d’épices, etc). Les informer que vous ne tenez pas à la viande les soulagerait peut-être (on ne sait jamais).
2) Proposez des idées d’aliments et de plats faciles à cuisiner et que vous aimez (pâtes en sauce, etc). Mieux : cuisinez avec eux, c’est encore plus sympa de préparer à manger à plusieurs.
3) Si le plat contient de la viande, accordez-vous avec la maitresse (le maître) de maison pour qu’elle (il) ne vous en serve pas, ou avec votre voisin pour qu’il mange votre viande. Et si c’est vraiment important pour la grand-mère-qui-a-connu-la-guerre-et-passé-la-journée-à-cuisiner-la-dinde-farcie, et que vous vous en sentez le désir/le courage, mangez une bouchée de sa dinde. Vous reparlerez végétarisme plus tard, en tête à tête avec elle, dans un moment plus calme (il est très déconseillé de parler végétarisme avec une personne qui est en train de manger de la viande). Vos proches vous aiment, ce qu’ils craignent vraiment c’est que vous deveniez malheureux, en mauvaise santé, que vous vous isoliez. Montrez-leur que tout va bien, que vous n’êtes pas sectaire, que vous pouvez en parler avec ouverture, et soyez très progressif dans vos changements. Le végétarisme n’aura alors aucune raison de les choquer. Ils s’y habitueront comme ils s’habituent à vos choix de vie (métier, compagnon de vie, etc).
Pour ces raisons, il est absolument normal que vous soyez réticents si vous entendez parler d’un mode de vie inconnu. C’est un réflexe, quelque chose dont vous ne pouvez pas vous empêcher. Maintenant que vous savez ceci, vous pouvez conclure deux choses :
- Si une personne (végétalienne ou tout autre déviance ;-)) vous parle de son choix de vie différent du vôtre, soit il a un ton agressif (alors vous avez ma bénédiction pour l’insulter), soit il a un ton calme et posé. Dans ce dernier cas, laissez tomber les préjugés et profitez de la discussion, cette personne a peut-être quelques bonnes idées à prendre (et d’autres à laisser, comme tout humain). Et puis on peut argumenter dans le calme, même si c’est pour conclure qu’on n’est pas d’accord ;-).
- Prenez le temps de vous habituer à toute idée nouvelle, de peser le pour et le contre, de faire de petits essais. Ce n’est pas la peine de vous obliger à changer tout votre mode de vie dans la minute. Y réfléchir est déjà énorme, puisque la majorité de nos idées et comportements nous ont été dictés depuis l’enfance sans qu’on ait le temps ou le droit de les remettre en question. Voyez votre propre situation, quelles sont vos contraintes, qu’est-ce qui est important pour vous, pour votre bonne conscience, pour votre bonheur. Ensuite, choisissez. Quel que soit votre choix, ce sera le bon choix pour votre situation. Parce que vous l’aurez fait avec lucidité, en considérant tous les arguments. Et vous verrez, choisir une bonne fois pour toutes, et accorder son comportement avec ses désirs profonds, ça apaise énormément (et pas que les tarés intellectuels comme moi).
Recette de rouleaux de printemps
Vous connaissez mon leitmotiv : éliminer sans état d’âme les produits animaux dans tous les plats où ils n’apportent pas une saveur ou une texture irremplaçable. Et à votre avis, est-ce que la demi-crevette des rouleaux de printemps est irremplaçable pour que le plat reste délicieux ? Non, je ne pense pas… Alors voici ma version des rouleaux de printemps – n’hésitez pas à substituer tout ingrédient qui ne figure pas dans vos placards : l’essentiel est d’avoir des textures variées (moelleuse, croquante, croustillante) et une herbe fraîche pour parfumer.

Rouleau de printemps et sa mini bouteille de sauce soja
Ingrédients
– Feuilles de riz (comme pour les pâtes, le paquet entamé se conserve longtemps dans un placard)
– Menthe fraîche
– Cacahuètes grillées salées (ou autre graine oléagineuse, amande par exemple, torréfiée dans une poêle avec un peu de sauce soja)
– Tofu fumé (ou autre substitut de viande, tempeh fumé ou seitan par exemple)
– Spaghetti de riz cuit (ou spaghetti de blé)
– Garniture croquante : salade, champignons crus, graines germées, etc…
– Sauce éventuelle : sauce soja pour moi

Exemple d’ingrédients pour rouleaux de printemps. A gauche, les feuilles de riz s’humidifient dans les plis d’un torchon mouillé.
Préparation
– Mouiller un ou plusieurs torchon(s). Déposer une feuille de riz dans un coin du torchon et le replier pour recouvrir la feuille. Recommencer avec d’autres feuilles de riz, afin que chacune soit isolée dans du torchon humide.
– Laisser les feuilles de riz s’humidifier et préparer les autres ingrédients : faire cuire les spaghetti selon les instructions du paquet, émincer les autres ingrédients de la garniture.
– Sur une assiette ou une planche à découper, déposer une feuille de riz humidifiée (elle doit être bien molle), garnir d’ingrédients un peu comme sur la photo ci-dessous (en mettant moins d’ingrédients sinon c’est dur à replier), rabattre deux bouts de feuille de riz sur la garniture (sur la photo, les deux bouts qui dépassent de la planche) puis replier un autre bout (sur la photo, celui du bas) et rouler. Le rouleau doit tenir roulé grâce à la feuille de riz qui colle sur elle-même.

Feuille de riz garnie prête à être roulée. N’hésitez pas à mettre moins d’ingrédients que moi, sinon ça donne un gros rouleau plein à craquer !
– Dégustez aussitôt ou conservez au frais, dans une boîte hermétique afin de conserver le moelleux de la feuille de riz (si la feuille de riz a séché et durci, enveloppez le rouleau dans un torchon humide pendant quelques minutes).
– J’aime tremper le rouleau dans un peu de sauce soja. Si vous avez peur de faire tomber la garniture du rouleau dans la coupelle de sauce, vous pouvez verser quelques gouttes de sauce directement dans le rouleau.
Bonne semaine !
Recette de cuisine durable
La part du colibri
1 AoûtComme promis, je travaille sur une nouvelle série d’articles sur le thème « Pourquoi rester omnivore ? ». Mais j’ai besoin d’encore un peu de temps afin de vous proposer un article bien construit. Alors aujourd’hui on va parler d’un petit conte : la légende du colibri.
J’ai découvert ce conte via cet entretien dans le magazine électronique FemininBio. FemininBio est un site de ressources bâti sur le même modèle que le site AuFeminin, mais version biologique/écologique. FemininBio reste dans un modèle social standard (acheter des produits à la mode, faire un régime au printemps), mais il présente aussi des idées alternatives. C’est donc une bon outil de transition pour les femmes qui sont tentées de passer du mode de vie français standard à quelque chose de plus respectueux et réfléchi. Je ne connais pas de site équivalent pour les hommes, n’hésitez pas à m’en signaler si vous les connaissez !
La légende du colibri
La légende du colibri est un conte amérindien raconté par Pierre Rabhi : ici en une courte vidéo et là en un petit texte.
Voici la métaphore que ce conte m’évoque (ceci est donc mon propre point de vue, vous pouvez ne pas être d’accord – si vous êtes plusieurs à préférer une autre métaphore, je réviserai la mienne) :
Cette métaphore sur l’écologie est transposable à toute cause qui vous touche en tant qu’humain : un problème trop énorme pour être réglé individuellement, mais auquel chacun participe un tout petit peu.
Conclusion
La légende du colibri a donné naissance à plusieurs initiatives, comme le Mouvement Colibris. On peut donc espérer qu’on finira par l’éteindre, cet incendie !
Bien sûr, vous savez que pour épargner les ressources planétaires il faut manger quasiment végétalien, local, de saison et privilégier la cuisine faite maison. Sacré programme ! Personnellement, je ne l’ai pas fait jusqu’à il y a un an. Jusqu’alors, j’avais bien trop de choses à faire dans ma vie de tous les jours pour réfléchir à l’éthique de mon alimentation ! Chacun a son histoire, ses contraintes, ses croyances. Il n’est pas facile de changer son quotidien du jour au lendemain.
Alors, sommes-nous condamnés à regarder la forêt brûler ? Voici mon avis : si on croit profondément en quelque chose, on finit toujours par s’en approcher, même si c’est un peu, même si c’est dans longtemps. Alors si vous voulez faire votre part du colibri mais que, comme tout le monde, vous avez déjà une vie complètement remplie d’impératifs divers, voici ma stratégie !
Ma stratégie en 4 étapes pour résoudre n’importe quel problème
Je vous explique cette stratégie dans le cadre de l’alimentation, mais elle est évidemment adaptable pour tout autre objectif personnel.
1) Décidez quelle est votre alimentation idéale, avec toutes les informations disponibles sur ce blog, ailleurs, et surtout avec vos propres désirs. Celle dont vous rêveriez pour votre propre vie idéale, qui serait en accord avec vos envies gustatives, vos aspirations morales, le respect de votre corps, etc. On ne parle pas de la vie que veulent pour vous vos parents et ou la société, mais de la vie qui vous satisferait profondément. Prenez le temps d’y réfléchir, de l’inventer, en écoutant aussi vos intuitions. Décrivez précisément comment serait cette alimentation : de quoi serait-elle composée, d’où viendrait-elle, comment arriverait-elle chez vous, comment vous la prépareriez, comment vous la dégusteriez… Si besoin, notez tout ça sur un carnet.
2) Analysez vos contraintes. Votre alimentation actuelle est probablement différente de votre idéal. Pour quelles raisons ? Identifiez tout ce qui vous empêche de l’appliquer : pas de temps pour faire les courses tous les 2 jours, pas assez de recettes végétariennes locales dans vos carnets, peur de la réaction des autres mangeurs de votre foyer, etc. Listez chacune de ces contraintes.
3) Trouvez des solutions faisables. A chaque fois qu’un problème est clairement posé, on trouve une solution pour le résoudre, au moins partiellement. Toujours. Même si c’est pour dire : « mon problème est trop ambitieux, je dois le reformuler ». Voici un exemple pour me faire comprendre. Problème initial : Une personne qui mesure 1m70 et s’habille en 46 souhaite s’habiller en 34 un an plus tard. Verdict : souhait trop ambitieux, il n’existe pas de solution faisable. Réflexion : que souhaite vraiment cette personne ? Ce qu’elle veut n’est pas rentrer dans une taille 34, c’est avoir un corps plus désirable. Nouvelle formulation du problème : Cette personne souhaite perdre 10 kg et avoir un corps plus ferme. Solution faisable : repenser son alimentation avec le suivi d’un nutritionniste et faire 60 minutes de sport par jour, en commençant par un sport modéré comme la marche.
4) Décidez d’un échéancier. Essayer une recette végétarienne lundi prochain, tenter un voyage en magasin bio la prochaine fois que vous en croisez un, aller au marché quand vous serez en vacances, etc. Il n’y a pas besoin de dates précises, seulement de repères par rapport à votre propre rythme de vie. En face de chaque contrainte, notez les solutions faisables ainsi que leur échéancier.
A titre d’exemple, voici ma propre stratégie alimentaire :
– But : manger bio, végétalien, local, de saison, le plus frais possible, en favorisant ma santé, en passant un minimum de temps à cuisiner, en maintenant un budget alimentaire modeste, et en me régalant à chaque repas. (Hé oui, rien que ça, mais on a bien dit que c’était l’alimentation idéale ^^.)
– Contraintes, solutions et échéancier :
En cas de panne, n’hésitez pas à faire appel aux autres : vos proches, mais aussi la formidable communauté internet. Si vous vous posez une question, cherchez la réponse dans un moteur de recherche ou sur un forum. Quasiment à chaque fois, il existe une personne qui s’est posé la même question avant vous. Et un groupe est capable de résoudre des problèmes insolubles pour une personne seule, c’est un fait reconnu !
Recette de bavarois au chocolat
Un magnifique dessert, très gourmand, qui nécessite un poil d’organisation (la recette se fait en 4 étapes) mais finalement peu de travail au vu du résultat. C’est donc une recette parfaite pour un évènement exceptionnel à fêter, d’autant qu’elle peut être préparée la veille et qu’elle se transporte très bien (le dessert est protégé dans son ruban de rhodoïd et ne contient pas d’élément sanitairement fragiles comme les œufs crus).
J’ai adapté cette recette du blog VG-Zone, spécialiste des desserts végétaliens qui en jettent (mais les auteurs publient aussi des recettes salées, des revues d’aliments végétaliens, de restaurants parisiens, etc).
Bavarois au chocolat prêt à être déposé sur un plat de service et à être débarrassé du rhodoïd protecteur.
Attention, cette recette nécessite le matériel suivant :
Ingrédients pour 8 personnes
– 350 g de chocolat à 60% de cacao
– 400g de crème végétale (200g + 200g)
– 200g de spéculoos Lotus (les autres marques contiennent souvent du miel)
– 150g de poudre pralinée OU 75 g de noisettes et 75 g de sucre complet
– 60 g de margarine (40g + 20g)
– 15 g de cacao amer
– 2 g d’agar-agar
– Facultatif (pour la déco) : 20 g de chocolat noir, 2 cuillère à soupe de cacao amer et 8 amandes émondées (je les fais tremper une nuit dans de l’eau, c’est meilleur et ensuite il est facile de les éplucher)
Préparation
Étape 1 : Fond biscuité
– Découper une bande de rhodoïd de 10 cm de large et assez longue pour former un cylindre de même diamètre que le cercle à pâtisserie. Conserver les chutes de rhodoïd pour la déco.
– Scotcher le cylindre et le placer à l’intérieur du cercle à pâtisserie. Déposer le tout sur le plat de service et s’assurer que le tout rentre dans votre réfrigérateur. Si vous voulez transporter le gâteau sans plat de service, remplacez le plat par un carré de carton (ou un livre) rigide recouvert de papier aluminium.
– Faire fondre 40 g de margarine.
– Réduire les spéculoos en poudre fine, en écrasant les biscuits à la main ou dans un mixeur.
– Verser dans un saladier, ajouter 15 g de cacao et mélanger avec les mains.
– Ajouter la margarine fondue et malaxer le tout afin que la margarine s’incorpore bien à la poudre de biscuits. Le résultat ressemble un peu à la pâte d’un crumble, en plus collant.
– Verser ce mélange à l’intérieur du moule et bien compacter le tout afin d’avoir une couche uniforme de biscuit. Ne pas hésiter à tasser aussi fort que possible (avec un pilon ou à la main) afin que le biscuit ne s’effrite pas lors du découpage.
– Mettre au frigo 1 heure (ou toute la nuit) ou au congélateur 20 minutes. Pendant ce temps, préparer la poudre pralinée.
Papier cartonné pour faire le support, papier à transparent pour entourer le dessert, fond biscuité tassé (j’ai enlevé le cercle à pâtisserie pour faire la photo).
Étape 2 : Couche pralinée
– Dans une casserole, verser les noisettes et le sucre. Faire chauffer à feu doux pour que le sucre caramélise.
– Verser sur une feuille de silicone (ou de papier cuisson) et laisser refroidir. Ne lavez pas votre casserole, on va la réutiliser.
– Casser en morceaux puis mixer finement.
– Dans la casserole, verser l’agar, 200g de crème végétale et la poudre pralinée.
– Bien mélanger le tout avec un fouet ou une cuillère, et placer sur feu moyen.
– Dès le début de l’ébullition, continuer à mélanger et laisser encore sur le feu pendant 1 minute.
– Verser sur le fond biscuité. On obtient une couche qui recouvre tout le fond biscuité. Ne lavez toujours pas la casserole…
– Garder au frais durant 1 heure avant de poursuivre la recette, afin que la couche se solidifie. A ce stade, on peut retirer le moule métallique (mais il faut conserver le rhodoïd).
Étape 3 : Ganache chocolatée
– Dans la casserole sur feu très doux, faire chauffer 350 g de chocolat avec 200 g de crème végétale.
– Mélanger régulièrement, jusquà ce que le chocolat soit presque totalement fondu.
– Retirer la casserole du feu et ajouter la margarine. Le chocolat va finir de fondre.
– Bien fouetter pour obtenir un mélange lisse et brillant. N’hésitez pas à utiliser un batteur électrique.
– Verser uniformément sur la couche de praliné. Voilà, vous pouvez laver votre casserole maintenant !
– Réserver au frais durant 3 heures ou plus (une nuit sans problème).
Étape 4, facultative : Décoration
– Préparer 2 morceaux de rhodoïd de même taille, environ 20 cm sur 10 cm.
– Faire fondre 20 g de chocolat (dans un bol qui trempe dans une assiette à soupe pleine d’eau bouillante).
– Verser le chocolat fondu sur un morceau de rhodoïd et recouvrir de l’autre morceau. Le chocolat s’étale alors en une couche d’environ 2mm d’épaisseur.
– Mettre au frigo pendant environ 20 minutes, pour que le chocolat devienne ferme mais pas encore cassant.
– Enlever le rhodoïd du dessus et découper des étoiles, au couteau ou à l’aide d’un emporte-pièce.
– Déposer les étoiles sur le rhodoïd enlevé et mettre au frigo jusqu’au moment de servir le dessert ou de l’emballer pour le transport.
– Saupoudrer le cœur de cacao (SAUF s’il servira de gâteau d’anniversaire avec bougies à souffler !), planter les étoiles à la verticale (ou les déposer à l’horizontale) et planter les amandes dans la ganache.
– Si on transporte le gâteau, placer le support au milieu d’un grand carré de papier craft. Ramener les coins du papier au-dessus du dessert et agrafer. Pendant le transport, soutenir le paquet par le dessous, au cas où les agrafes lâchent (on ne sait jamais).
Notez qu’ici le suport est carré, donc chaque côté du support est face à un coin du papier craft.
– Retirer délicatement le rhodoïd. Découper en toutes petites parts, car ce dessert est très dense !
Remarques
Bonne semaine !
Recette de cuisine durable